Hier soir, lundi 1er juin, le Théâtre des Champs-Elysées accueillait Klaus Florian Vogt en première partie d’une soirée équitablement partagée entre Wagner – des extraits de Lohengrin et Parsifal – et Dvorak – la Symphonie numéro 7. Applaudi vivement dès son entrée sur scène, le ténor allemand fait figure d’exception dans le monde des chanteurs wagnériens : puissant, héroïque certes – impossible de ne pas l’être pour surmonter un orchestre pléthorique dans des partitions intraitables – mais doué d’une clarté juvénile qui auréole ces champions d’une lumière inhabituelle dans ce répertoire. A l’issue de la première partie, le public enthousiaste, rappelait plusieurs fois le chanteur jusqu’à obtenir un bis : Winterstürme, extrait de Die Walküre. Pourtant, à l’entracte, certains spectateurs, à droite, à gauche, avouaient leur désarroi : émission blanche, sons pointus, absence d’ombre et de relief, expression mièvre… Lohengrin peut se satisfaire d’un chant désincarné, et même s’y révéler, mais Parsifal touché dans sa chair (« Amfortas ! Die Wunde ! Die Wunde ! ») ne devrait-il pas donner lieu à des épanchements plus affirmés. Et Siegmund ne requiert-il pas autant de bronze que de vaillance ? Qui a tort, qui a raison ? Questions auxquelles la direction toute en gestes d’Andris Nelsons, à la tête du City of Birmingham Symphony Orchestra, apporte une explication, à défaut de réponse. On ne saucissonne pas impunément les opéras de Wagner. Sortis de leur contexte, coupés en tranche, ces extraits d’œuvres monumentales deviennent prétextes à démonstration, au détriment de l’émotion.
Richard Wagner : « Karfreitagszauber », « Amfortas, die Wunde », « Nur eine Waffe taugt », extraits de Parsifal . Prélude à l’acte IV de Lohengrin, « Höchstes Vertrauen hast Du mir schon zu danken », « In fernem Land», extraits de Lohengrin. Antonin Dvorák : Symphonie n° 7 op. 70. City of Birmingham Symphony Orchestra. Andris Nelsons (direction musicale). Klaus Florian Vogt (ténor).
Paris, Théâtre des Champs-Elysées, lundi 1er juin, 20h.