Peu de salles à Paris se prêtent idéalement à l’exercice du récital ; est-ce le cas du Théâtre du Palais-Royal, où la saison des Lundis musicaux permettra d’entendre prochainement, entre autres, Felicity Lott, Dmitri Hvorostovsky, Max-Emanuel Cencic, Waltraud Meier ou Elina Garanca ? La petitesse des lieux à beau plaider en sa faveur, sa décoration très boulevardienne (du velours, du velours, du velours) en fait une véritable bonbonnière à l’acoustique particulièrement ouatée…
Il revenait à José van Dam d’inaugurer, le 9 décembre dernier, cette série de concerts. Plus de deux ans après sa retraite « officielle », la présence sur scène de ce chanteur légendaire s’est faite très parcimonieuse. L’état actuel de sa voix l’exige : les pièces de Duparc qui ouvrent le programme réveillent le sombre éclat du timbre, tant que le seul registre médian est requis, mais soulignent également les carences d’un souffle qui, fatalement, tourne parfois à court. Demeure ce qui fut un peu la signature de l’artiste : un legato de violoncelle et une éloquence simple et claire, préservant de toute emphase « L’invitation au voyage » ou la « Chanson triste ». La suite de la première partie met à l’honneur des mélodies plus rares de Guy Ropartz, précédées d’un prélude et conclues par un postlude permettant au pianiste Maciej Pikulski de prendre la vedette, quelques instants durant. Après l’entracte, les « Chansons de Don Quichotte » d’Ibert (dans le texte desquelles van Dam s’égare quelques fois) et les extraits des « Fêtes galantes » de Debussy, conclues par un magistral « Colloque sentimental », précèdent des Francis Poulenc égrillards et, en bis, une « Puce gentille » exhalant, vaille que vaille, un beau parfum d’âge d’or. Programme détaillé sur theatrepalaisroyal.com. [Clément Taillia]
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