Jessica Pratt à la conquête de Mozart

Depuis quelques années, Jessica Pratt impressionne les habitués du Festival de Pesaro par la maestria de ses incarnations rossiniennes : elle était cet été l’héroïne de Ciro in Babilonia aux côtés d’Eva Podles, et on avait pu l’applaudir l’an dernier dans Adelaide di Borgogna. Voilà que la soprano australienne se lance dans Mozart. Le 24 novembre, elle chantait sa première Donna Anna, au théâtre Carlo Felice de Gênes, dans un Don Giovanni qui réunissait autour d’elle une distribution presque exclusivement italienne, dont la mezzo Sonia Ganassi, autre rossinienne émérite, en Elvire. Loin de la Lucia di Lammermoor qui marqua ses débuts en Italie, Jessica Pratt a montré qu’elle possédait une voix suffisamment dramatique pour s’imposer dans un rôle qui ne se borne pas à des vocalises : « Non mi dir » lui convient fort bien, on s’en doutait, mais elle triomphe aussi sans mal d’ « Or sai chi l’onore ». Quant à ses qualités d’actrice, on attendra pour en juger de la retrouver dans une production plus cohérente que celle de Gênes, où l’on pouvait notamment voir Elvire surgir d’un cercueil, munie d’une mitraillette. [Laurent Bury]