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La finale des Paris Opera Awards, vendredi dernier salle Gaveau, a vu le triomphe de Jennifer O’Loughlin (http://jenniferoloughlin.com/). En deux airs (« O, Zittre Nicht » et « Il dolce suono »), cette jeune soprano américaine, qui vit actuellement à Vienne, a conquis jury et public. Fait rare dans un concours, on a même vu à l’issue de la scène de Lucia, une partie de la salle se lever pour manifester son enthousiasme. Voix longue, égale et agile, Jennifer O’Loughlin est mieux qu’une colorature. Virtuosité et suraigu appartiennent certes à son vocabulaire mais un registre central solide donne à son chant une envergure supplémentaire. C’est d’ailleurs le médium, plus que la vocalise, qu’elle utilise comme moyen de caractérisation. Cette capacité d’expression, alliée à une grande aisance scénique, lui a valu, en plus du prix du public, le prix Maria Callas, attribué à la meilleure interprétation. Et l’on suppose que le jury, composé de Martina Arroyo, Sherrill Milnes et Daniel Lipton, le directeur artistique de l’Opéra de Floride, ne lui a pas décerné le premier prix afin d’éviter qu’elle monopolise toutes les récompenses. La palme revient donc à Mary-Jean O’Doherty, véritable soprano colorature pour le coup, qui avec les airs de Lakmé et de Zerbinette aligne sans faillir un nombre impressionnant de contre-notes. Il ne lui reste qu’à gagner davantage d’assurance pour que le geste, tant scénique que vocal, apparaisse plus naturel. Le 3e prix a été attribué à la soprano ukrainienne, Ulyana Aleksyuk qui avec la valse de Juliette et « Regnava nel silenzio » a démontré elle aussi son habilité à vocaliser. Côté homme, la virtuosité l’emporte également. Julien Dran, ténor français applaudi il y a peu à Bordeaux en Almaviva, doit moins à Nadir (Les pêcheurs de perles) qu’à Tonio (La Fille du Régiment) et ses contre-ut envoyés courageusement de monter sur la première marche du podium. Le Baryton russe, Dmitry Lavrov, auquel échoit le 2e prix, nous avait pourtant semblé exposer plus d’aisance et de souplesse. Le 3e prix attribué au ténor coréen Kyu Nam Choung clôture le palmarès de cette compétition originale* dont le directeur, Alexandre Lomov, nous dit qu’elle devrait avoir lieu tous les ans, à condition de trouver le soutien financier que la qualité de cette première édition légitime. Plus d’informations sur www.paris-opera-awards.fr. [Christophe Rizoud].
* la sélection des candidats se fait sur Internet à partir des votes d’internautes du monde entier – voir brève du 17 octobre 2012