Forum Opéra

Insoutenable densité de Monteverdi à la Cité de la Musique

Partager sur :
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur pinterest
Partager sur whatsapp
Partager sur email
Partager sur print
Brève
2 juin 2014
Insoutenable densité de Monteverdi à la Cité de la Musique

Infos sur l’œuvre

Détails

Il n’est pas nécessaire de voir Rome ou Florence pour faire l’expérience du syndrome de Stendhal : l’écrasante, la suffocante beauté du VIIe livre de madrigaux de Monteverdi ne laisse pas davantage indemne. Sachons gré aux téméraires qui osent l’aborder in extenso et sans filet, dans la nudité du concert. D’une urbanité exemplaire ou en proie à une douce sidération tout au long de la soirée (l’un n’excluant pas l’autre), le public de la Cité de la Musique a longuement ovationné, le 28 mai dernier, les Arts Florissants qui poursuivent leur intégrale de l’œuvre madrigalesque du divin Claudio avec ce monument de la seconda prattica déjà donné à Caen, Anvers, Prague et Dresde. Si les rares pages polyphoniques lui réussissent particulièrement bien, notamment l’onirique quatuor « Al lume delle stelle » traversé d’un élan irrésistible, Paul Agnew, à la fois chef et chanteur sur cet ambitieux projet, semble parfois moins à l’aise avec l’écriture solistisante qui prévaut largement (16 duos et 4 pièces à voix seule sur les 29 qui composent le recueil) et n’en assume pas toujours la dimension théâtrale. D’emblée, son « Tempro la cetra » manque d’énergie déclamatoire et ses traits virtuoses sont à peine effleurés, mais cette retenue n’est rien en regard du « Con che soavità » sans chair ni passion de Miriam Allan, soprano éthéré à la Kirkby (celui de Mhairi Lawson, d’essence plus lyrique, est, hélas, relégué au second plan), qui nous ramène au Monteverdi trop policé et distancié du Consort of Musicke d’Anthony Rooley au sein duquel officiait Paul Agnew il y a trente ans. Privé de tension et murmuré comme dans un rêve éveillé, « Interrote speranze » nous laisse également perplexe mais reste fort heureusement une exception parmi les huit duos qui réunissent, tels Ulysse et Télémaque, le ténor aux couleurs automnales et son fringant cadet, Zachary Wilder, l’émotion culminant dans le si versatile « Non vedrò mai le stelle ». Applaudi in loco début mai dans Le Désert de Félicien David, ce ténor aigu est le héros du jour, habitant avec une intensité peu commune la « Partenza amorosa » puis rivalisant d’esprit avec Lucille Richardot  dans « Vorrei baciarti », confié à un ténor et à un contralto et non à deux voix égales (alti) – mais qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse ! Lucille Richardot offre de la « Lettera amorosa » une lecture plus subtile et allusive qu’exaltée, mais en parfaite osmose avec l’archiluth ensorcelé et ensorcelant de Thomas Dunford. Autres moments forts, le trio « Parlo, misero, o taccio ? » et le duo « S’el vostro cor, madonna » (basse/ténor) dont Lisandro Abadie et Paul Agnew exaltent le dramatisme et les savants chromatismes. 

Monteverdi, Intégrale des madrigaux: Septième Livre. Les Arts Florissants. Cité de la Musique, 28 mai 2014.

 

Commentaires

VOUS AIMEZ NOUS LIRE… SOUTENEZ-NOUS

Vous pouvez nous aider à garder un contenu de qualité et à nous développer. Partagez notre site et n’hésitez pas à faire un don.
Quel que soit le montant que vous donnez, nous vous remercions énormément et nous considérons cela comme un réel encouragement à poursuivre notre démarche.
Zachary Wilder © DR

Infos sur l’œuvre

Détails

Nos derniers podcasts

Nos derniers swags

This be her Verse, par Golda Schultz et Jonathan Ware

La parole aux femmes
CDSWAG

Le Bourgeois Gentilhomme

Un gentilhomme en fête
CDSWAG

Debussy La Damoiselle élue

Lignes claires
CDSWAG

Les dernières interviews

Stanislas de Barbeyrac : « Il y aura peut-être un jour Tristan, si je suis sage »

Interview

Questionnaire de Proust – Sophie Koch : « Christian Thielemann compte beaucoup pour moi »

Interview

Sophie Koch : « Aborder Isolde, c’est être devant l’Everest »

Interview

Les derniers dossiers

Questionnaire de Proust

Dossier

Les grands entretiens de Charles Sigel

Dossier

Philippe Boesmans (1936 – 2022)

Dossier

Zapping

Vous pourriez être intéressé par :

Radio Classique décerne ses trophées 2023

Brève

Pas de salaire au Mai musical florentin

Brève

Le concours La Maestra ouvre ses inscriptions

Brève

Coupes au Royaume-Uni : dissolution des BBC Singers

Brève