Certes, elle a fait depuis longtemps ses adieux aux scènes lyriques. Certes, c’est désormais plutôt dans le domaine du jazz et du blues qu’elle se produit en concert. Pourtant, Barbara Hendricks reste une de ces personnalités que le grand public n’a pas oubliées, depuis l’époque où elle se produisait régulièrement à Paris et était invitée par Jacques Chancel dans son Grand Echiquier. Et comme la soprano américaine a fondé il y a quelques années son propre label, il lui est loisible de continuer à enregistrer ce qui lui plaît dans le répertoire classique. De Mahler, Barbara Hendricks avait jadis gravé les deuxième et quatrième symphonies : voilà qu’elle s’attaque maintenant à quelques-unes de ses mélodies les plus célèbres, les Rückert-Lieder et, dans la version orchestrée par Arnold Schönberg, les Chants d’un compagnon errants et l’Abschied extrait du Chant de la terre, autant de pages qu’on pensait plutôt destinées à une voix de mezzo. Bien sûr, les années ont passé, le vibrato s’est accentué, surtout dans l’aigu, et la pratique du jazz a introduit une certaine souplesse rythmique dans l’interprétation, mais gageons que les fans de Barbara Hendricks ne manqueront pas cette nouvelle occasion de retrouver leur idole, qui sera à Massy le soir même de la sortie du disque, le 18 novembre.
Gustav Mahler, Lieder, Barbara Hendricks, Love Derwinger, Swedish Chamber Ensemble, enregistré en octobre 2010 à Stockholm et en mai 2013 à Paris, 1 CD Arte Verum ARV-014 – 63’48