Si vous pensiez que L’Elisir d’amore dans l’aéroport de Milan était le dernier cri en matière d’inscription de l’art lyrique dans le quotidien, il va falloir réviser vos conceptions. A Los Angeles, la compagnie The Industry propose en ce moment, et jusqu’au 15 novembre, un opéra qui se déroule dans 24 voitures déambulant dans les rues de la ville. Hopscotch se divise en 36 chapitres, conçus par six librettistes et mis en musique par six compositeurs. Chaque véhicule transporte quatre spectateurs, des musiciens et des chanteurs, et emprunte un parcours différent composé de huit épisodes (dont un interlude instrumental au lavage automatique), mais toutes se réunissent pour le final commun. Le directeur artistique de The Industry, Yuval Sharon, a déjà proposé en 2013 Invisible Cities, inspiré par Italo Calvino ; il ne serait donc pas étonnant que l’inspiration vienne cette fois du roman mythique de Julio Cortázar, Marelle (Hopscotch en anglais). L’intrigue est pourtant tout à fait traditionnelle : Lucha tombe amoureuse de Jameson, mais leur idylle tourne court et Lucha finit par consoler son employeur devenu veuf, le marionnettiste Orlando. Rien de bien nouveau du côté du livret, donc, mais on ne peut nier le côté expérimental de cette étrange entreprise opératique.