« Je suis lasse de la plupart des productions d’opéra qu’on voit aujourd’hui. Si j’achète un billet pour Le Vaisseau fantôme, j’ai envie de voir la mer, des bateaux, des marins et des rouets, pas un bureau rempli de dactylos. Dans Tannhäuser je ne veux pas voir Elisabeth finir dans une chambre à gaz, ni aucune de ces choses agaçantes qui laissent entendre que le metteur en scène est supérieur au compositeur. Et ce n’est pas parce que je ne suis pas dans le coup, bien au contraire. Après plusieurs décennies durant lesquelles les opéras ont été actualisés à coup de blue-jeans, de laideur et de sexe, tout cela est maintenant démodé et je pense qu’il est nécessaire de revenir à la vérité des partitions ». Celle qui s’exprime ainsi est-elle bien la Brunhilde du Ring de Chéreau qui fit tant scandale en 1976 ? Oui, c’est bien Dame Gwyneth Jones qui livre ainsi son sentiment. Cela dit, on ne peut pas entièrement lui donner tort, notamment lorsqu’elle ajoute la réflexion suivante : « J’en ai tout simplement assez de ces metteurs en scène qui ne connaissent rien à la musique et ne recherchent que le scandale. Beaucoup de grands amateurs d’opéra ont renoncé à exprimer leur insatisfaction en huant et ne se déplacent tout simplement plus, comme le montrent bien les nombreuses places inoccupées dans les salles d’opéra. A Bayreuth, on peut désormais se procurer très facilement des billets, même parfois le soir de la première. C’est très préoccupant car, une fois le public perdu, il ne sera pas facile de le reconquérir ».
L’intégralité de l’interview figure (en anglais) sur le site The Wagnerian