Après La Finta Pazza de Strozzi et Sacrati remontée à Dijon l’année dernière, production historique qui vient d’être nommée aux International Opera Awards, voici qu’un autre opéra inspiré de l’histoire d’Achille travesti est sur le point de renaître, cette fois sur la scène du Teatro Real. Achille in Sciro du compositeur italien d’origine française Francesco Corselli (1705-1778) nous transporte sur l’île de Skyros où Thétis a caché son fils, déguisé en fille, parmi les suivantes de la Cour du roi Lycomède, espérant le soustraire au sort funeste qui l’attend à la guerre de Troie. Le garçon devient un homme et s’éprend de Déidamie, la fille du monarque, qui lui donne même un enfant. Pour corser le tout, Théagène, qui doit épouser la princesse, en pince plutôt pour Achille en jupe, mais Ulysse et ses compagnons débarqueront sur l’île et finiront par le démasquer tout en réveillant ses ardeurs guerrières. Metastasio, comme Strozzi et d’autres avant lui, en tira la matière d’un livret également mis en musique par Hasse, Jommelli ou Sarro.
Créée le 8 décembre 1744, la version de Corselli avait sombré dans l’oubli et sa résurrection constitue l’un des clous de la saison madrilène. Franco Fagioli portera-t-il une perruque flamboyante et des talons aiguilles pour camper Achille alias Pyrrha (« la rousse ») ? Réponse le 17 mars. Confié à Mariame Clément, le spectacle ne risque en tout cas pas de manquer de sel ni de couleurs. Le contre-ténor argentin retrouvera Francesca Aspromonte (Déidamie), délicieuse Atalanta dans Serse et Andrea Mastroni (Lycomède) avant d’être confondu par les stratagèmes de Tim Mead (Ulysse). C’est Ivor Bolton qui assurera la direction musicale de cet Achille in Sciro et, n’en doutons pas, galvanisera l’Orchestre Baroque de Séville. Le Teatro Real a prévu une seconde distribution au sein de laquelle Achille sera incarné par le fringant Jake Arditti (Néron à Aix l’été prochain), Déidamie par Francesca Lombardi Mazzuli et Ulysse par Christopher Lowrey. Plus d’infos sur le site du Teatro Réal.