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Faut-il avoir peur d’Helmut Lachenmann ?

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Brève
15 juin 2012
Faut-il avoir peur d’Helmut Lachenmann ?

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Reconnaissons qu’il est rare que nos colonnes traitent de « musique concrète instrumentale ». C’est un genre auquel nous nous frottons rarement, d’autant qu’il a très peu sédimenté l’opéra. Quand Helmut Lachenmann s’y essaya en composant La Petite filles aux allumettes d’après le conte d’Hans Christian Andersen, au Palais Garnier, il y eut comme un malentendu. Les parents, désireux d’implémenter un peu de cette merveilleuse culture lyrique dans l’esprit de leurs petites têtes blondes, affluèrent — nombreux — Place de l’Opéra. Ils ignoraient alors que le compositeur avait élaboré une partition quasi muette, agrémentée ici et là de textes de Gudrun Esslin, célèbre terroriste de la Fraction Armée Rouge avec qui le compositeur partagea des moments privilégiés dans sa tendre enfance. La salle se vida petit à petit, allumette après allumette.

Quelques années plus tard, quand Caroline Sonrier* — directrice de l’Opéra de Lille — commanda un Petit Poucet à Georges Aperghis, elle n’eut qu’une exigence : que le titre soit sans équivoque et que les familles sachent à quoi s’en tenir. Le Petit Poucet devint Happy End.

The Guardian consacre un long article à la musique d’Helmut Lachenmann dans son excellente série de « guides à la musique de… ». L’auteur, Tom Service, prévient : pour entendre quelque chose à cet univers musical, il faudra laisser vos préjugés au vestiaire, invitant le lecteur à chercher de la beauté là où on n’a pas l’habitude de la trouver. Le traitement du déchet sonore, par exemple, les griffures, les collisions, les frôlements constituent, à ses yeux, de nouvelles nourritures musicales.

S’il n’est pas assuré que la musique d’Helmut Lachenmann vous paraisse plus digeste une fois cet article lu et digéré, il y a fort à parier que la plume allègre de Tom Service et les trésors d’imagination qu’il déploie pour traduire, par l’écrit, ce que lui raconte l’oeuvre de Lachenmann constituent une raison valable de vous jeter sur le site du Guardian.

The Guardian — A guide to Helmut Lachenmann’s Music – par Tom Service

* « Femmes » — podcast avec Caroline Sonrier, directrice de l’Opéra de Lille.

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