Dernière œuvre mélodique de Fauré, composée en 1921 sur des vers d’un jeune poète mort à la guerre – Jean de la Ville de Mirmont –, L’Horizon chimérique a servi de fil rouge au nouveau double album* d’un quatuor formé pour l’occasion : Pierre Fouchenneret (violon), Simon Zaoui (piano), Raphaël Merlin (violoncelle) et David Lefort (ténor). Dans les quatre mélodies du cycle – courte exception vocale de moins de dix minutes au sein d’un programme de presque trois heures –, la diction du chanteur peut déconcerter les amateurs du genre tant le chant se refuse à toute emphase, conforme peut-être à la manière dont on interprétait cette musique à l’époque. D’une voix courte et naturelle, proche du parler, David Lefort égrène sur une musique moderne en ce qu’elle parait dépourvue de repères, un texte ouvert sur l’océan. Une fois n’est pas coutume pourtant dans un magazine entièrement dédié à l’art lyrique, si on recommande l’écoute de cet enregistrement, ce n’est pas pour le chanteur mais pour le violoncelle de Raphaël Merlin, doué d’une éloquence propre à détromper définitivement ceux qui considèrent salonarde la musique de Fauré. Sortie annoncée le 16 février. En concert auparavant à Paris, salle Colonne, le 14 février (billetterie sur place le soir-même ou réservation à faurehorizons@gmail.com – plus d’informations)
* Gabriel Fauré, Horizons, ref. AP162, Aparté