La disparition de la reine Elizabeth II est à n’en pas douter un authentique moment d’Histoire, expression si souvent galvaudée et qui retrouve dans une occasion de cette nature toute sa force. L’annonce de sa mort suscite une pluie d’hommages à la hauteur de son règne, d’une durée unique dans l’histoire de la couronne britannique, et sera suivie de très nombreux commentaires sur sa vie et sur le symbole qu’elle représente au-delà même de son pays. A cette occasion, des articles exhaustifs et des biographies poussées ne manqueront pas de satisfaire la curiosité des lecteurs les plus exigeants. A notre niveau, nous saluons plus modestement la mémoire d’une reine qui, en marquant l’Histoire, a aussi laissé son empreinte dans l’histoire de la musique : protectrice des arts de son pays, accordant son haut patronage à d’innombrables institutions culturelles, sincère admiratrice des artistes, on ne compte plus les moments -souvent protocolaires- à l’occasion desquels la reine se rendait dans une maison d’opéra partout à travers le monde, du palais Garnier au Teatro São Carlos de Lisbonne en passant par l’opéra de Sydney, qu’elle inaugure en personne en 1973 et bien sûr l’Opera House de Covent Garden, auquel elle octroiera en 1968 le titre de « Royal ». Fidèle à son principe « Never complain, never explain », elle ne s’exprimait pas sur ses goûts musicaux, qui, selon ses biographes, la portaient plutôt à aimer les comédies musicales.
En 1953, c’est à l’occasion de son couronnement et en hommage à la nouvelle reine que Benjamin Britten compose son opéra Gloriana, non sans controverses. Là encore, bien qu’elle assiste avec la famille royale à la première, on ignore ce que la souveraine en a pensé. Mais elle avait le sens des symboles et, à la mort de Britten en 1976, la reine ne manqua pas d’envoyer une gracieuse lettre de condoléances à son compagnon Peter Pears, un geste fort moins de dix ans après la dépénalisation de l’homosexualité.
La rédaction de Forum Opéra adresse ses pensées chaleureuses à toutes les personnes que cette disparition plonge dans une grande tristesse, en particulier au Royaume-Uni.