Romancer la biographie d’Henri Duparc n’était pas chose facile, mais c’est un pari dont Claude Dandréa sort vainqueur, avec ce récit qui doit son titre à La Vie antérieure. Pour tirer un roman de cette existence longue (1848-1933) mais trop tôt condamnée à l’inaction par une maladie nerveuse, l’auteur choisit de faire alterner un « Journal de ma vie » que le compositeur aurait lui-même rédigé vers la fin de ses jours, et les commentaires de sa veuve qui découvre ce texte peu après son décès. On suit ainsi la trajectoire créatrice interrompue à 38 ans d’un homme pétri de piété, perpétuellement insatisfait, qui détruisit plusieurs fois, pour les recommencer jusqu’à l’anéantissement définitif, les ébauches de son opéra Roussalka. Ellie McSwiney, l’épouse de Duparc, était irlandaise : Claude Dandréa, par ailleurs traducteur reconnu, profite de l’occasion pour glisser quelques références à cette poésie anglaise qui lui est chère. A la fin du roman, quelques annexes permettent de lire la véritable prose d’Henri Duparc : ses lettres à son ami Ernest Chausson, à son élève Jean Cras, ses textes sur le Polyphème dudit Jean Cras, ou sur « Richard Strauss et la musique cérébrale ».
Claude Dandréa, Le Secret douloureux qui me faisait languir, Biographie d’Henri Duparc. 128 pages, Editions Brumerge, 14 euros.