« La Scala va bien ». De passage à Paris avec une partie de son équipe, le surintendant de la prestigieuse institution milanaise, Dominique Meyer, a d’abord rassuré sur l’état de sa maison, lors d’une présentation de la saison 2023 organisée à l’Ambassade d’Italie. Particulièrement touchée par l’épidémie de Covid, la région lombarde a déploré de nombreux décès et subi un long confinement. Une période mise à profit pour entamer quelques travaux à la Scala, visant notamment à en améliorer l’acoustique, et en réorganiser le fonctionnement interne. Et les résultats sont déjà là : Dominique Meyer annonce ainsi des recettes de billetterie « supérieures de 10% à celles qui étaient réalisées avant la crise Covid », signe selon lui qu’il n’y a « aucune fatalité » et que « l’opéra doit s’adresser à tout le monde ». Fort de cette conviction, il a détaillé la nouvelle politique de la Scala, fondée sur la technologie, la responsabilité environnementale, et l’inclusion, comprenant notamment des travaux de rénovation, des objectifs de réduction des émissions de CO2, l’arrivée du streaming en février 2023 et des avantages tarifaires pour le jeune public et les familles, un soin particulier étant par ailleurs apporté à la programmation destinée aux enfants.
Dans ce contexte, la saison 2023 se caractérise par un certain retour aux fondamentaux, avec une programmation « centrée sur l’Italie ». Certes, c’est un opéra russe, Boris Godounov (dans la version originale) qui sera présenté en lever de rideau le 7 décembre prochain, sous la baguette de Riccardo Chailly et dans une mise en scène de Kasper Holten. Mais les amateurs de bel canto romantique seront comblés, avec Lucia di Lammermoor (Oropesa et Florez dirigés par Chailly, dans une production de Yannis Kokkos sacrifiée par la crise Covid), la reprise du Macbeth signé Davide Livermore (Luca Salsi en alternance avec Amartuvshin Enkhbat dans le rôle-titre, Semenchuk ou Netrebko en Lady), un Barbier de Séville début septembre avec les jeunes chanteurs de l’Académie, ou encore le retour attendu des I vespri siciliani (en italien), avec entre autres Luca Micheletti et Marina Rebeka. Cette dernière reviendra pour une Bohème, où elle partagera la scène avec Irina Lungu, Luca Micheletti derechef, et Freddie De Tommaso, récemment salué pour son récital paru chez Decca. Au rayon vérisme, Andrea Chénier permettra de comparer les mérites respectifs de Yusif Eyvazov et de Jonas Kaufmann, face à la Maddalena de Sonya Yoncheva. Les Contes d’Hoffmann (Grigolo, Buratto, Abdrazakov, placés sous la direction de Frédéric Chaslin) représenteront l’opéra français, Salome (Mikneviciute, Volle, Watson dirigés par Zubin Mehta), l’opéra allemand, et Peter Grimes (Jovanovich, Carr, mise en scène de Robert Carsen et direction musicale de Simone Young, par ailleurs présente à la conférence), l’opéra anglais. Au rayon des raretés, notons que la Rusalka de Dvořák sera jouée pour la première fois à la Scala, au moins de juin. La saison scaligère, c’est aussi des ballets, des récitals vocaux (Netrebko, Grigolo, Werba, Fleming, Bernheim, Volle, Salsi), du piano (Pollini, mais aussi Buniatishvili, Igor Levit,…) et une riche programmation symphonique, au cours de laquelle, outre le maître des lieux Riccardo Chailly, nous pourrons voir Zubin Mehta, Daniel Harding, Timur Zangiev ou Daniele Gatti se succéder au podium. Tous les détails sur teatroallascala.org.