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En matière de création d’opéra, si une recette a réussi il y a un demi-siècle, pourquoi ne fonctionnerait-elle pas aujourd’hui ? On s’inspire d’une oeuvre artistique bien connue, on ficelle un livret bien construit, on met le tout en musique, on s’assure la participation d’une star pour la création, et le tour est joué : cela a très bien fonctionné pour The Rake’s Progress en 1951. Oui, mais n’est pas Stravinski ou W.H. Auden qui veut. Le Theater an der Wien frappera très fort à la rentrée en proposant d’abord, en septembre, ledit Rake’s Progress, désormais au répertoire d’à peu près toutes les maisons d’opéra, puis en octobre une création également inspirée d’un cycle de gravures dû au peintre anglais William Hogarth, The Harlot’s Progress, « La Carrière d’une catin », dont l’héroïne connaît, comme le Rake ou Libertin, une ascension sociale aussi fulgurante que sa déchéance ultérieure. Pour le livret, on a fait appel à l’un des plus grands romanciers britanniques : Peter Ackroyd, qui a l’habitude de revisiter les grands mythes du Royaume-Unie. Quant à la musique, elle est l’œuvre d’Iain Bell, jeune compositeur à qui l’on doit déjà plusieurs cycles de mélodie pour voix et orchestre. Et pour mettre toutes les chances de son côté, le Theater an der Wien a confié le rôle-titre à Diana Damrau, qui a récemment créé le très beau cycle The Hidden Place du même Iain Bell. Outre Nathan Gunn et Mary McLaughlin, on y entendra même la basse française Nicolas Testé. L’orchestre sera dirigé par Donald Runnicles et la mise en scène assurée par Jens-Daniel Herzog, dont on avait apprécié (ou pas) l’an dernier la Flûte enchantée salzbourgeoise. Souhaitons à ce Harlot’s Progress le même succès que son « grand frère » stravinskien. [Laurent Bury]