L’Allemagne n’est pas le seul pays où l’on confie à des créateurs d’avant-garde le soin de mettre en scène des opéras. A la Brooklyn Academy of Music, la Canadian Opera Company vient de présenter Semele de Haendel dans un spectacle conçu en 2009 pour La Monnaie de Bruxelles par le Chinois Zhang Huan, artiste connu pour se couvrir tout le visage d’idéogrammes ou s’encastrer le corps dans des carcasses d’animaux. Mais curieusement, loin de susciter le scandale, sa mise en scène se révèle extrêmement traditionnelle, même si le décor en forme de temple chinois est surmonté d’une sorte de gigantesque poupée gonflable. Zhang Huan fait même – volontairement ? – s’esclaffer le public à certains moments, comme lorsqu’apparaissent des lutteurs de sumo ou surtout deux figurants cachés à l’intérieur d’un âne généreusement doté par la nature. Sans oublier quelques perturbations sonores, bourdonnements de moines tibétains ou interprétation de L’Internationale bouche fermée à la toute fin de l’œuvre. Comme il se murmure que Semele pourrait bien être donné à Aix-en-Provence en 2016 pour conclure la trilogie entamée avec Ariodante l’an dernier et Alcina cet été, espérons que les organisateurs du festival français n’auront pas eu l’idée lumineuse de coproduire le spectacle en question…