L’association Ludwig van Beethoven, fondée par l’épouse du compositeur, vient d’annoncer la mort du compositeur Krzysztof Penderecki ce dimanche 29 mars 2020, à l’âge de 86 ans dans sa ville natale de Cracovie.
Pétri de la musique de son compatriote et ainé Witold Lutosławski, Penderecki s’intéresse très tôt à l’utilisation de modes de jeu inhabituels, et à une organisation aléatoire de certaines plages musicales. En 1961, il présente son Thrène à la mémoire des victimes d’Hiroshima, qui lui vaut une reconnaissance internationale immédiate. Avec cet évènement, le compositeur se place très rapidement en chef de file de l’école d’avant-garde polonaise, représentée par Tadeusz Baird, Kaziemierz Sierocki ou Henryk Górecki.
Durant une vingtaine d’année, il accumule les grands projets symphoniques et vocaux, tels que la Passion selon Saint Luc (1965), Le Songe de Jacob (1971) ou son opéra Les Diables de Loudun (1969). Alors à la pointe de la modernité, ces œuvres sont récupérées par de nombreux cinéastes, à l’instar de Stanley Kubrick (The Shining utilise pas moins de six pièces du compositeur), William Friedkin (L’Exorciste), David Linch (Twin Peaks), Martin Scorsese (Shutter Island). Penderecki s’essaiera plus tard directement à la composition pour l’image, puisqu’il signe en 2007 la bande-son de Katyń, par Andrzej Wajda.
Amorcées par le Requiem Polonais (1980-84), les années 1980 marquent cependant un retour progressif à un mode d’expression plus traditionnel. La tonalité est peu à peu réintroduite, tandis que la foi catholique du compositeur s’exprime plus que jamais, comme le montrent les nombreuses œuvres chorales d’inspiration religieuse qui fleurissent à partir des années 1990.
Egalement chef d’orchestre et professeur de composition, Krzysztof Penderecki œuvra beaucoup pour la promotion de la musique contemporaine dans son pays. Grand passionné d’horticulture et de botanique, il a fondé le plus grand arboretum de Pologne dans le village de Lusławice, où se trouvait sa seconde résidence.
En 2006, alors que le festival Présences avait choisi de se consacrer au compositeur, Forum Opéra avait publié un article sur l’ensemble du parcours de Penderecki.