La Voïvodie de Wilno est une entité de l’extrême nord-est de la Pologne créée en 1926. Elle est plus tard rattachée à la Lituanie suite à l’invasion de la pologne par les troupes nazies et soviétiques. C’est là que naît Teresa Żylis-Gara le 23 janvier 1930. Teresa Żylis-Gara étudie à l’Académie de musique de Lodz auprès d’Olga Felixowna Olgina, pédagogue d’origine russe et polonaise. C’est en 1954 que sa carrière locale prend son envol lorsqu’elle remporte le premier prix du prestigieux Konkurs Młodych Wokalistów w Warszawie (Concours d’Art Lyrique de Varsovie). Elle fait ses débuts scéniques à l’Opéra de Cracovie en 1956 dans le rôle-titre de Halka, jeune montagnarde au coeur brisé, opéra du compositeur Stanisław Moniuszko. Les années 50 lui permettent de prendre connaissances des subtilités du métier sur les planches de son pays ; les années 60 lui permettent de se professionnaliser plus avant dans différentes troupes d’Allemagne grâce à son succès au concours ARD. On la retrouve par exemple à Oberhausen – dans un premier temps – puis à Dortmund et à Düsseldorf. Malgré son attachement aux troupes précitées, elle se produit dans les principaux théâtres d’Allemagne et d’Autriche, notamment à Frankfort, Berlin et Vienne. C’est à l’extrême-fin des années 60 que Rudolf Bing – le légendaire directeur du Met – tombe en pâmoison devant sa voix et lui offre un contrat récurrent à New-York. Son fait de gloire le plus exotique, dans ce cadre, est probablement d’avoir été la seule Desdémone de Franco Corelli, le ténor ayant accepté de chanter le grand duo du Ier acte lors du gala de 1972, frustrant à jamais ceux qui l’imaginaient dans l’intégralité du rôle.
Pendant ces années américaines Teresa Żylis-Gara balaie le grand répertoire de soprano lyrique à celui de spinto, on l’entend aussi bien en Liu de Turandot qu’en Amelia du Ballo in Maschera. Elle se retire graduellement des scènes au début des années 80 et s’installe à Monaco. Elle se produit encore ponctuellement et enregistre jusqu’en 1994 (un disque consacré aux mélodies de Chopin et de Paderewski – sorti en 1999, faute de financements). Célébrée en Pologne, elle y reçoit de nombreuses récompenses, notamment un doctorat Honoris Causa de l’Université de Musique de Wroclaw. L’Opéra National de Pologne avait dignement fêté ses 90 ans lors d’un gala présenté par Wiesław Ochman. Sa discographie témoigne de son très grand éclectisme : on la retrouve aussi bien dans un Moïse rossinien d’anthologie que dans l’enregistrement du Roi Arthus de Chausson par Armin Jordan.