Stéphane Lissner a écrit récemment aux collaborateurs de l’Opéra pour les supplier de ne plus faire grève. Cette prière ayant fait long feu, c’est le directeur adjoint, Jean-Philippe Thiellay, qui a dû prendre la plume pour renouveler cette supplique suite à la grève du 14 juin, annoncée devant une salle où les spectateurs étaient déjà installés. Un courrier qui a reçu une réponse syndicale cinglante, où l’on apprend que la grève ne fut pas décidée à la dernière seconde, mais le jour même à 17h.
Dans ce contexte tendu, une initiative inédite vient de se produire : c’est le Président du Conseil d’administration, Monsieur Bernard Stirn, qui a lui-même écrit aux salariés pour leur enjoindre de ne plus faire grève. C’est bien la première fois à l’Opéra de Paris qu’un Président de conseil d’administration s’adresse aux salariés sur un tel sujet, qui normalement relève de la gestion sociale assurée par la direction générale.
Le propos de Bernard Stirn n’est pas seulement sans précédent, il est curieux. Il indique en effet que « l’ensemble du conseil d’administration (…) tient à exprimer sa vive inquiétute ». Qu’en disent les représentants syndicaux membres du conseil ? Font-ils partie de cet ensemble ? En outre, le communiqué indique que les pertes dues à la grève atteignent 2,5 millions d’euros : certes le montant est significatif, mais l’Opéra dispose de réserves importantes – et on se demande si cette communication ne vise pas surtout à trouver un bouc émissaire à des pertes liées aux erreurs commises par la direction et à une fréquentation déclinante. Il est à cet égard très révélateur que le Rapport Annuel 2014-2015 ne soit toujours pas publié alors qu’habituellement le rapport paraît en Mai – tout juste annonce-t-on un bilan à paraître en… septembre 2016 !
Mais surtout, la question la plus ardente est celle-ci : où est Stéphane Lissner ? D’un côté, il confie à son directeur adjoint une tâche surhumaine : plan Opéra 2021(dans le magazine Challenges, le directeur adjoint s’attribuait lui-même le mérite de ce plan), dialogue social, gestion des conflits, affaire des cloisons (Lissner était absent lors de la récente démonstration), travaux divers… Et quand il s’agit d’interpeller les collaborateurs, il cède la parole à Monsieur Stirn, dont on doute, malgré ses mérites incontestés, qu’il soit quotidiennement au contact des équipes. Ce ne sont plus seulement les abonnés ordinaires qui sont désormais absents, c’est le premier d’entre eux.