L’inscription en deuxième partie de programme d’un tube comme les Danses symphoniques de Rachmaninov, dirigées avec conviction par le jeune chef américain Joshua Weilerstein à la tête de l’Orchestre philharmonique de Radio France, n’avait apparemment pas suffi à drainer les foules vers la Maison de la Radio, ce vendredi 29 mai. C’est dans un Auditorium assez peu garni que fut interprété en début de concert le poème symphonique Viviane (1882) : il est doux d’entendre la musique de Chausson indépendamment de tout visuel parasite, et on l’aurait plus appréciée encore si les cuivres avaient su se montrer toujours à la hauteur des exigences de la partition. Cependant, le moment le plus attendu était la création mondiale d’une œuvre pour soprano et orchestre d’Edith Canat de Chizy, intitulée Voilé, dévoilé, d’après un poème de Philippe Jaccottet. La compositrice française est une orchestratrice hors pair, cela s’entend dès les premières mesures, mais il n’est pas sûr que la voix l’inspire autant que les sonorités instrumentales : beaucoup de passages parlés, beaucoup de bribes de phrase répétées, sans qu’émerge vraiment une approche originale de la vocalité. Traitée en « instrument à vent et à cordes », Mireille Delunsch livre néanmoins une prestation en tous points impeccable. A peine la baguette du chef retombée, un malotru a la goujaterie de huer, mais des applaudissements nourris viendront ensuite saluer les artistes, puis la compositrice.