100% féminine, la finale de la 9e édition du Concours international de Belcanto Vincenzo Bellini a vu l’affrontement pyrotechnique de huit candidates de 5 nationalités différentes à Vendôme samedi soir, 9 novembre. Pourquoi Vendôme, petite ville de 17.000 habitants dotée d’une riche histoire médiévale mais dépourvue de tradition lyrique ? Parce que la sous-préfecture du Loir-et-Cher, située à seulement 40 minutes en TGV de Paris, héberge le centre de formation du groupe Monceau Assurances, premier mécène de la compétition. L’occasion de souligner le rôle prépondérant du mécénat aujourd’hui pour la préservation de notre patrimoine culturel. Le belcanto romantique, fondé sur l’utilisation de la virtuosité et de la nuance à des fins expressives, est plus que n’importe quelle autre école de chant une discipline en état de santé précaire.
Après discussion, le jury – dont nous avions le privilège de faire partie –, dirigé par le président-fondateur de la compétition, le chef d’orchestre Marco Guidarini, a choisi de décerner son premier prix à Déborah Salazar. Non une consécration, ni une révélation pour cette soprano franco-mexicaine âgée seulement de 25 ans mais un encouragement à persévérer dans une voie exigeante dont la demi-finale, mieux que la finale, a montré qu’elle maîtrisait les clés essentielles.
Avec trois prix à son palmarès – prix spécial du jury, prix des voix féminines et prix du public – s’impose la mezzo-soprano ukrainienne Olga Syniakova. L’artiste déjà accomplie possède la faculté de se glisser avec évidence dans le rôle interprété. Cette aisance scénique est appréciable lorsqu’on la compare avec les attitudes figées ou embarrassées d’autres candidates paralysées par le trac. L’épreuve est impitoyable… De la présence donc ; un timbre qui, s’il était vin, mériterait l’appellation de Bourgogne, souple et rond avec un parfum de fruits rouges et noirs ; une longueur confortable sans poitrinages excessifs, ni aigus à l’arraché ; un chant habité et naturel, où ne transparaît jamais l’effort. Le public a été conquis ; nous aussi.
Autre nom à suivre, Clara Guillon, soprano léger dont le prix Vendôme récompense la précision redoutable, l’imagination débridée par une technique solide et le tempérament audacieux. Ses ornementations originales et ses aigus filés sur le souffle furent source de sensations fortes.
Enfin, l’ex championne grenobloise de rink hockey Elsa Roux Chamoux porte d’autant plus haut le drapeau tricolore qu’elle remporte le prix Mady Mesplé, qui récompense la meilleure interprétation d’un air d’opéra français. « O mon Fernand » assumé crânement d’un extrême à l’autre est gorgé d’une chaude sensualité que souligne une diction, toujours intelligible, où la beauté des voyelles ne prend jamais l’avantage sur la vigueur des consonnes.
La soirée, retransmise en streaming, peut être regardée sur You Tube.
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