Dans un entretien accordé à la Lettre du musicien publié le 19 août, la soprano Chloé Briot a fait savoir qu’elle avait porté plainte pour harcèlement sexuel contre un collègue chanteur. Les faits se seraient déroulés depuis le début des répétitions d’une création contemporaine à l’Opéra comique en octobre 2019, et auraient perduré jusqu’à la reprise de l’œuvre en février 2020 à Angers et Nantes.
La chanteuse témoigne en ces termes : « en pleine représentation, il a palpé mon sein droit comme de la pâte à modeler […]. Dans la deuxième scène, il a écarté violemment mes jambes en mettant sa tête sur mon sexe. Durant une autre représentation il m’a murmuré : « J’ai envie de te faire mal, j’ai envie d’y aller ». » Après avoir tenté plusieurs fois de se confier à des collègues, Chloé Briot finit par avertir les directeurs des institutions accueillant la production. « Nous avons établi ensemble des mesures de précaution pour la protéger » affirme Matthieu Rietzler, directeur de l’Opéra de Rennes. Un protocole de sécurité (horaires de maquillage décalés, déménagement des loges) est mis en place afin d’éviter aux deux chanteurs de se croiser. Selon France Musique, le parquet a ouvert une enquête auprès du commissariat de Besançon.
La lenteur des réactions institutionnelles ainsi que l’incrédulité de certains collègues associés à la production ont poussé la chanteuse à relater les faits dans la presse : « J’avais beau décrire la gravité des gestes dont j’étais victime, il a fallu que mon état se dégrade pour que [les autres membres de la production] mesurent mon état » confie-t-elle aux journalistes. Elle affirme avoir souhaité parler « pour en finir avec la loi du silence qui règne à l’opéra ».
Nous nous faisons ici l’écho d’une affaire en cours, susceptible d’évoluer rapidement. Nous invitons nos lecteurs à réagir avec toute la prudence et la retenue que la situation requiert.