Plus proches du crossover que de l’art lyrique, les chansons napolitaines forment un genre à part, qui fait depuis plusieurs décennies le bonheur du ténor, italien de préférence. A peine adoubé comme l’un des chanteurs les plus prometteurs de sa génération, Charles Castronovo a puisé dans ce répertoire pour composer le programme de son premier récital au disque, Dolce Napoli. « Catari’ », « Dicitencello vuje », « Core’ ngrato », … Elles sont toutes présentes, alignées les unes derrière les autres sur fond de mandoline et de percussions. Car là où beaucoup convoquent l’orchestre au grand complet, Charles Castronovo, aidé de Taso Comanescu et Austin Grant, a préféré revoir les arrangements de ces chansons de manière à aviver la couleur locale. La voix subit le même traitement, volontairement corsée, parfois rude même. Débarrassé de tout sentimentalisme, le chant renoue avec ses racines latines, qui sont aussi celles de Charles Castronovo dont les grand-parents paternels migrèrent de Sicile vers les Etats-Unis. Si sincère que soit la démarche, il est permis de préférer le violon à l’accordéon, des effets appuyés à trop de simplicité. Aimer, tout au long de ces chansons d’amour, que la mélodie dégouline. Vouloir, pour les interpréter, un ténor la main sur le cœur qui contemple son reflet dans une voix d’or. Oublier Palerme mais pas Bergonzi*. [Christophe Rizoud]
Charles Castronovo, Dolce Napoli – The Neapolitan Songs – GPR Records
* Carlo Bergonzi, Canzoni napolitane. Orquesta de Cámara de Madrid. direction musicale : Enrico Pessina. Discos Ensayo.