Plus que quelques jours pour aller goûter les délices de « l’Opéra Fumiste » concocté par le compositeur et pianiste Nicolas Ducloux autour des textes d’Alphonse Allais (1854-1905), avec la complicité de Pierre Méchanick et Gilles Bugeaud, les deux barytons qui entourent la soprano Edwige Bourdy dans ce spectacle allègrement absurde et résolument antimilitariste. Parmi les courts textes d’Allais, certains fleurent bon l’Almanach Vermot et ses calembours douteux, d’autres font preuve d’un humour surréaliste avant l’heure (il faut voir et entendre Edwige Bourdy détailler « Goui, goui, goui, goui, c’est le cri de l’andouillette, Goui, goui, goui, goui, c’est la voix du salsifis »), quand ils n’anticipent pas sur les aspects les plus lamentables de notre modernité, comme l’extraordinaire « Lettre à Paul Déroulède » où l’on conseille au poète nationaliste de remplacer les canons par des microbes, armes bien plus équitables puisqu’elles pourraient frapper non seulement les conscrits âgés de 20 à 45 ans, mais aussi « la petite Bavaroise de huit mois et demi, le centenaire Poméranien, la vieille dame de Francfort-sur-le-Mein et le galopin de Kœnigsberg ». Musicalement, il y en a pour tous les goûts, de la parodie d’opéra à la goualante réaliste, de la valse chaloupée à la création contemporaine. Et comme l’expliquent les compères, un Opéra Fumiste, c’est le contraire d’un Opéra et d’un Opéra Comique, puisqu’il n’y a que des parties chantées, et que des parties parlées… [LB]
Café Allais, le jeudi 16 février au Théâtre de Fontainebleau, le samedi 18 et le dimanche 19 à la Péniche Adélaïde, 46, quai de Loire, Paris.