Parmi les nombreux festivals de l’été bavarois, il en est un qui a retenu notre attention par la magie du lieu qu’il occupe : le château « copie de Versailles » que Louis II s’est fait construire sur une île d’Herrenchiemsee, lieu à la fois sublime et dérisoire, inachevé, asphyxié sous les ors, annonçant la tragédie d’un monde sur sa fin, soucieux de mourir avec splendeur.
Au sein d’une programmation diversifiée mais quand même largement consacrée au grand répertoire, ce festival proposait jeudi dernier, après une septième de Beethoven un peu fade, Le Songe d’une nuit d’été de Mendelssohn, dans une version scénarisée par Klaus Maria Brandauer, un des plus célèbres comédiens allemands, véritable monstre sacré d’outre Rhin. Avec truculence, humour, énergie et virtuosité il nous raconte les tribulations de Puck, d’Oberon et de Titania, de sorte que la partition de Mendelssohn, indemne sinon tout à fait intacte se voit vite transformée en mélodrame, ce qui ne lui va pas si mal. Ce rappel du programme littéraire et des sources shakespeariennes donne en effet un relief bienvenu à l’oeuvre musicale qui ressort de l’aventure plutôt revigorée, plus théâtrale que jamais, certainement pas trahie même si elle se voit aussi considérablement allongée.
A côté de l’engagement scénique du comédien, dont la présence balaie tout sur son passage, les autres interprètes de la soirée paraissent un peu ternes. Même si les deux chanteuses, Sarah Frede et Susanne Bernhard assument très correctement leur partie, même si le choeur des femmes du Chorgemeinschaft Neubeuern s’épanche voluptueusement, même si l’orchestre KlangVerwaltung se fait léger et ductile sous la baguette d’Enoch zu Guttenberg, le comédien retient toute l’attention, attire tous les regards avec une maestria prodigieuse et remporte tous les suffrages du public.
Felix Mendhelsson : Songe d’une nuit d’été. Ouverture (op.21) et musique de scène (op.61) pour la comédie éponyme de Shakespeare dans une adaptation de August Wilhelm Schlegel.
Adaptation du texte : Klaus Maria Brandauer. Créé dans sa version définitive le 14 octobre 1843 à Postdam.
Susanne Bernhard (Soprano), Sarah Frede (Mezzo soprano), Klaus Maria Brandauer (Récitant). Frauenchor der Chorgemeinschaft Neubeuern. Orchester der KlangVerwaltung. Enoch zu Guttenberg (Direction musicale )
Herrenchiemsee, jeudi 17 juillet 2014, 19h00