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Bordeaux se grise de musique tant qu’il en est encore temps

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Brève
12 mars 2020
Bordeaux se grise de musique tant qu’il en est encore temps

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Mercredi 11 mars, le Grand Théâtre de Bordeaux a accueilli deux concerts lyriques en l’espace d’une demi journée. Le luxe !

Dans le cadre des Midis musicaux, le ténor strasbourgeois Paul Gaugler propose un programme surprenant et alléchant allant d’extraits de La Walkyrie, de La Damnation de Faust, d’Ariane à Naxos, de Norma, de Fedora… Son imposant timbre barytonnant ne l’empêche pas de passer dans les notes les plus aiguës avec maîtrise et facilité.

Le soir même, le public bordelais attendait la célèbre basse russe Ildar Abdrazakov. Hélas, les annulations de transports aériens dues aux préventions contre le coronavirus, l’ont empêché de se de se rendre à Bordeaux. La direction de l’Opéra a eu alors la riche idée de remplacer ce rendez-vous manqué par un cocktail lyrique avec les artistes en représentation actuellement sur la scène bordelaise dans Roméo et Juliette. Ces artistes sont Nadine Sierra, Pene Pati, Nicolas Courjal, Philippe-Nicolas Martin, Adèle Charvet, Thomas Bettinger auxquels s’est joint Amina Edris qui a quitté sa robe de Manon parisienne pour rejoindre son époux Pene Pati. Même si le remplissage de la salle souffrait de l’annulation du concert initialement prévu, ce gala fut une explosion vocale. En cette période maussade d’inquiétude et d’interrogations sur notre quotidien, cette brochette de chanteurs a su enflammer la salle.

Pene Pati attaque le concert avec son « Ah lève-toi soleil » de Roméo et Juliette, devenu presque légendaire. Le ton était donné. A suivi Adèle Charvet avec un très appliqué « Contro un cor » du Barbier de Séville. Nicolas Courjal soulève l’enthousiasme avec un extrait de Robert le Diable « Nonnes, qui reposez ». Espérons le voir très rapidement sur scène dans ce rôle-là ! Au cours de ce concert, il nous a proposé un autre grand moment avec l’air de Philippe II de Don Carlos, en français bien sûr. Amina Edris propose un autre extrait de Robert le Diable avec une assurance et une beauté de voix que nous retrouvons dans la scène finale de Faust, « Anges purs, anges radieux ». Tout au long de la soirée les artistes et les airs se sont succédés avec fougue devant un public en délire. Nadine Sierra, très attendue par le public bordelais, fait son entrée dans un duo de Rigoletto avec Pene Pati qu’elle retrouve au cours de la soirée pour la fin du premier acte de La Bohème. Leur complicité vocale et scénique plaît au public. Thomas Bettinger, avec de très belles intonations, cisèle avec émotion l’air de Lenski d’Eugène Onéguine. Philippe-Nicolas Martin, comme pour son Mercutio actuel sur la scène du Grand Théâtre, possède toutes les qualités vocales et la prestance de Zurga, des Pêcheurs de perles, dans l’air « l’orage s’est calmé ».

Pour ces deux concerts, Jean-Marc Fontana est au piano. On connaît l’attention particulière et discrète qu’il porte aux artistes lyriques. Comme un ange gardien, par un sourire, par un regard mélancolique, il vit chaque instant les émotions du chanteur.

Après ces deux concerts, grâce au talent de ce pianiste, à la fougue vocale de cette pléiade de chanteurs et à l’accueil unanime du public, il semble qu’aucun virus ne pourra résister à cet enthousiasme collectif.

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