Peut-être en prévision de sa prise de rôle en Ophélie dans le tout nouveau Hamlet prévu pour juin prochain à Glyndebourne, Barbara Hannigan a eu il y a quelque temps l’excellente idée de commander une œuvre sur mesure, où elle serait déjà Ophélie, mais autrement. Elle s’est pour cela adressée au compositeur danois Hans Abrahamsen (logique pour une partition inspirée par la fiancée du prince de Danemark). Né en 1952, représentant de la « Nouvelle Simplicité », Abrahamsen n’avait jusque-là guère écrit pour la voix. Barbara Hannigan lui a proposé de partir du roman Let me tell you (paru en 2008), pour lequel Paul Griffiths s’était fixé le défi de n’employer que les 481 mots prononcés par Ophélie dans la pièce de Shakespeare. Résultat : un cycle de sept chants pour soprano et grand orchestre, d’une durée d’environ 30 minutes. Depuis sa création en décembre 2013, avec le Philharmonique de Berlin dirigé par Andris Nelsons, cette œuvre accumule les succès critiques et les récompenses, en concert comme au disque : Gramophone Award, Diapason d’or, Edison Klassiek, Gravemeyer Award… On a pu l’entendre à Berlin, à New York, à Cleveland ou à Munich. Mais depuis le Festival d’Automne en octobre 2013, la musique de Hans Abrahamsen semble bien ne plus avoir été interprétée en France. Dommage, non ?