Domenico Barbaja a joué un rôle majeur dans l’histoire de l’opéra dans tout le premier quart du XIXe siècle. Combien aujourd’hui le connaissent pourtant ? Baroudeur audacieux, voyageur impénitent, patron tyrannique, Barbaja, après avoir démarré sa vie professionnelle comme garçon de café, a fait fortune dans les jeux d’argent avant de se consacrer au métier d’impresario, à Naples, Milan et Vienne. On lui doit d’avoir offert à Rossini, à Naples, les meilleures conditions pour composer et créer certains de ses plus grands chefs d’oeuvre, mais aussi d’avoir su repérer le talent du jeune Bellini puis de Donizetti. Au métier d’impresario, qui n’a pas grand chose à voir avec celui des agents artistiques d’aujourd’hui, il a donné un éclat particulier en flairant les bons coups et en choisissant les meilleurs artistes, y compris chez les chanteurs. C’est dire que la double initiative des éditions Haus et de la maison de disques Naxos est bienvenue. Chez l’une, Philip Eisenbeiss publie la première biographie de Domenico Barbaja et nous reviendrons dans le courant de l’été sur ce parcours extraordinaire que cette première bibliographique analyse de manière très plaisante. L’autre, de son côté, propose en CD une sélection d’extraits piochés dans son catalogue de certaines des oeuvres dont la création a été permise par Barbaja (La gazzetta, Otello, Mosè in Egitto, La Donna del lago, Maometto II de Rossini, Euryanthe de Weber, Il Pirata de Bellini, Roberto Devereux de Donizetti et Elena da Feltre de Mercadante). On y retrouve avec plaisir de l’excellent (Ewa Podles en Calbo de Maometto II, Jessica Pratt en Desdemona, la prière de Moïse capté à Bad Wildbad en 2006) et du simplement moyen (Filippo Adami en Roderigo, Marcello Giordani en Gualtiero notamment). Certains airs moins connus comme l’air d’Elena da Feltre de Mercadante complètent le panorama d’un disque très plaisant en forme de clin d’oeil à un personnage à ne pas oublier… ou à découvrir ! [Hélène Mante]