Mariame Clément, la metteuse en scène de l’Armida de Haydn qui vient d’être donné à Massy dans le cadre d’une tournée* (voir le compte rendu de Laurent Bury), n’y va pas par quatre chemins : « Ce contexte de croisades, de preux chevaliers et de princesse des Sarrazins, on s’en fout ! », déclare-t-elle sans ambages dans une interview. Audace ? Non, simplement une fois de plus une manière de se démarquer de la règle établie. Mais il est dommage que cela intervienne en un moment où bien d’autres formes de discours eussent pu donner à plus réfléchir… Transposer, pourquoi pas. Encore que, comme le remarque fort justement Michel Fau, « vouloir moderniser les œuvres est devenu un véritable académisme ». Alors était-il vraiment besoin d’ancrer justement cet Armida dans le monde actuel pour un résultat aussi terne, obscur et incompréhensible ? Car là où d’aucuns auront vu dans cette représentation, placée sous le signe du drapeau arc-en-ciel, un rappel du mariage pour tous et de la théorie des genres, d’autres n’y auront trouvé que la démonstration d’un inextinguible ennui. Restent fort heureusement l’excellence de l’orchestre et l’implication des chanteurs : donc un régal musical à regarder les yeux fermés, ou, pourquoi pas, en version de concert ?
*Armida, de Haydn : Orléans le 11 février, Besançon le 19 février, Clermont-Ferrand les 25 et 27 février, Cergy-Pontoise le 5 et 7 mars, et Niort le 10 mars 2015.