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Pour ce mois de février, le Metropolitan a inscrit au programme de sa saison Le Prince Igor de Borodine, une rareté qui n’avait pas été reprise depuis près d’un siècle, mais qui peine à déplacer les foules, malgré (ou à cause de) la mise en scène confiée à Dmitri Tcherniakov. Alors chacun doit faire un effort pour convaincre le public new-yorkais de venir. Le 15 janvier, Anna Netrebko y est ainsi allée de son petit tour de chant dans un night-club de Greenwich Village, « Le Poisson Rouge » (en français dans le texte). Au milieu des effluves de cannabis flottant dans ce sous-sol, la Netrebko a interprété des mélodies de Rimski-Korsakov et de Tchaïkovski, ainsi que trois airs tirés du Prince Igor. Mais elle n’était pas la seule à mouiller sa chemise ce soir-là, puisque le concert intitulé « Russian Exoticism: from Folk Music to Prince Igor » accueillait aussi la basse Ildar Abdrazakov – qui interprètera le prince himself sur la scène du Met –, la mezzo géorgienne Anita Rashvelishvili (titulaire du rôle de Kontchakovna), révélée en Carmen à La Scala en décembre 2009, et la basse slovaque Stefan Kocan. Petit détail qui a son importance : le rôle principal féminin ne sera pas tenu par Anna Netrebko lors des représentations new-yorkaises du Prince Igor : l’ex-madame Schrott n’était là que pour cause d’Elisir d’amore au Met. Non, c’est Oksana Dyka qui brillera en Yaroslavna, celle-là même qui a laissé un souvenir inoubliable en Aïda de Bastille… [Laurent Bury]