Certes, les Quatre Derniers Lieder furent créés en 1950 par l’Isolde du siècle, mais Kirsten Flagstad était une chanteuse hors norme, et elle ne les garda pas longtemps à son répertoire. Pour le concert inaugural de saison, dirigé par Emmanuel Krivine à la tête de l’Orchestre national de France, était-ce donc une bonne idée que d’aller chercher Ann Petersen, Isolde à l’Opéra de Lyon en 2011 et en 2017 ? « Frühling » pousse à répondre non, car si la soprano danoise possède une belle assise dans le grave, les aigus sont émis avec effort, et non sans vibrato, là où l’on voudrait une voix onctueuse et comme en suspens. Heureusement, les choses s’arrangent peu à peu, ou du moins l’on s’habitue à cette approche heurtée, et « Im Abendrot » produit une bien meilleure impression. Du reste, le public enthousiaste obtient en bis un « Morgen » qui ne sollicite pas trop les notes les plus hautes de la chanteuse. Précédé par une Passacaille de Webern assez enlevée, le testament straussien a été suivi d’une superbe exécution de la Symphonie en ré mineur de César Franck. Bis de la deuxième partie, la Barcarolle des Contes d’Hoffmann invite le public à profiter d’une nuit forcément douce.
Concert inaugural, Auditorium de Radio France, jeudi 7 septembre, 20h