Testé positif à la Covid-19 le 10 mars dernier, au tout début du confinement en Italie, Andrea Bocelli n’a heureusement souffert que de symptômes légers. Peu de temps auparavant, le 9 mars, le chanteur avait posté sur Instagram le message suivant : « Je reste à la maison par sens civique, pour épauler tous ces amis qui se sont engagés sur le front sanitaire. La situation est très sérieuse ». Le dimanche de Pâques, il offrait un concert dans le Dôme de Milan, vide de tout public, un événement présenté comme une prière face au coronavirus. En mai, il annonçait sa guérison complète. Jusque là, rien d’extraordinaire. Ce 27 juillet, le chanteur italien participait au Sénat italien à un colloque intitulé Covid-19 en Italie, entre information, science et droits, organisé à l’initiative de personnalités « covidosceptiques ». On a ainsi pu y entendre l’ancien ministre de l’Intérieur et actuel secrétaire fédéral de la Ligue du Nord, Matteo Salvini, expliquer qu’il n’avait pas de masque et qu’il refusait d’en porter. Parmi les autres invités, on pouvait noter la présence de Vittorio Sgarbi, connu pour avoir déclaré dans un tweet que 96,3 % des morts du Covid-19 en Italie étaient « décédés d’autres pathologies », et qu’il fallait rouvrir immédiatement les entreprises confinées (des propos salués par le patron de Tesla, Elon Musk, qui, en avril, avait qualifié de « fascistes » les mesures de confinement aux États-Unis). Les propos de Bocelli ont également fait chauffer le Toile. « Quand nous sommes rentrés en plein confinement, j’ai cherché à analyser la réalité, et j’ai vu que les choses n’étaient pas comme on nous les avaient racontées. Les premières discussions ont eu lieu à la maison quand j’ai exprimé quelques doutes et j’ai été critiqué, les premiers à m’attaquer étant mes enfants ». Ceux-ci lui ont alors recommandé de bien se protéger (né en 1958, il fait effectivement partie des catégories à risque). « Durant le confinement, j’ai essayé de m’identifier à ceux qui devaient prendre des décisions difficiles (comprendre : la puissance publique). Mais par la suite, les choses ne se déroulaient pas comme prévu. Au fur et à mesure que le temps passait, alors que je connais une foule de gens, je ne connaissais personne qui soit allé en soins intensifs. Alors pourquoi cette urgence ? Puis je me suis senti humilié et offensé par l’interdiction de quitter la maison, cette privation de liberté sans avoir commis le moindre crime. Je dois également avouer, et je le fais ici publiquement, que dans certains cas, j’ai volontairement désobéi à cette interdiction, car elle ne me paraissait ni juste ni saine. J’ai donc lancé un appel pour qu’on rouvre les écoles. J’ai appelé Renzi, Salvini, Berlusconi pour faire un front transpartisan de bon sens. J’espère que tous ensemble nous sortirons de cette situation terrible ». Ces paroles ont immédiatement fait oublier les actions caritatives de l’artiste dans les mois précédant son intervention, et lui ont valu des accusations de « négationnisme » un brin outrancières. « J’ose espérer que le maestro Bocelli s’est mal exprimé » a déclaré Pierpaolo Sileri, le vice-ministre de la Santé, « Peut-être voulait-il insister sur l’inconfort des italiens bloqués chez eux durant le confinement ». Personnalité bien connue des italiens, le rappeur Fedez (qui avec son épouse le mannequin Chiara Ferragni est également à la pointe des actions caritatives contre le Covid-19) a répliqué en tweetant la photo d’un ami âgé de 18 ans, obligé de subir une greffe de poumons pour survivre. Devant le tollé médiatique, Bocelli a tenu à préciser sa pensée « Je me suis consacré dès les premiers jours, avec la fondation qui porte mon nom, à aider les personnes en difficulté à cause du virus. Je suis venu à Milan (il s’agit du concert au Dôme) pour y faire un prière et pour démontrer que l’unique chose dont nous devons avoir peur, c’est de la peur elle-même. Aujourd’hui, au Sénat, j’ai été mal compris (..). Je ne suis pas un négationniste, je suis un optimiste et je repars d’ici avec une prière ».