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Albert Dohmen a du mal à faire dans la dentelle

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Brève
30 mai 2013
Albert Dohmen a du mal à faire dans la dentelle

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C’est à Albert Dohmen, qui reste un des plus impressionnant Wotan des deux dernières décennies, et au pianiste Adrian Braianu que revenait l’honneur de clore la saison des récitals de la Monnaie, dans un programme entièrement dédié à des compositeurs proches de Wagner ou qui se réclamèrent de lui : Liszt, Wolf, Pfitzner et Strauss.

Indépendamment du tempérament poétique, de la culture et du goût qui fleurissent sans préjugés, on entend peu les voix de basses dans le répertoire du lied ; les compositeurs, le plus souvent, ont écrit pour des voix aigues, ténors et sopranos, ou éventuellement des voix moyennes, barytons ou mezzos, mais rarement pour les voix les plus graves que leur relative pesanteur et leur agilité moins grande ne prédisposent pas à l’art du lied.

Le récital de ce lundi confirme ce sentiment. Dohmen et Braianu commencent un peu en désordre par les Trois sonnets de Pétrarque de Liszt pris fort à la légère et sans grand soin, ni par la pianiste ni par la chanteur. Les Trois poèmes de Michelangelo, mis en musique par Wolf qui suivront, s’ils sont plus soignés – l’œuvre est d’une intensité exceptionnelle –, ne permettent toujours pas au chanteur d’entrer véritablement en contact avec son public, ni d’ailleurs avec son pianiste. Le nez chaussé de lunettes et plongé dans la partition, Albert Dohmen donne l’impression d’avoir peu préparé la soirée, même si la voix est magnifiquement timbrée dans le grave et fait frémir les dames des premiers rangs (aux derniers rangs il n’y a pas grand monde, le public bruxellois suit les finales du concours Reine Elisabeth).

Après l’entracte, vient la partie la plus enthousiasmante du programme : cinq très beaux lieder de Pfitzner, compositeur puni de ses sympathies nazies par un long purgatoire, et dès lors quasi absent des salles de concert. Le contact avec le public n’est guère plus engagé, mais au moins, on découvre des partitions inconnues. Il faudra attendre Strauss, donné avec plus de raffinement et de nuances pour connaître les premiers moments de poésie de la soirée : Morgen et Befreit, transcendés par l’ampleur sépulcrale de la voix, sont particulièrement réussis.

En guise de bis, Dohmen propose alors la fin de la scène de l’Enchantement du Vendredi Saint extrait de Parsifal, hélas sans le chatoiement de l’orchestre. Le grand wagnérien, revenu sur ses terres, retrouve alors toute sa splendeur, et les faveurs du public. [Claude Jottrand]

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