Dernière production de l’ère Morlot (le chef d’orchestre a donné sa démission au début de ce mois), L’Enfance du Christ de Berlioz tient l’affiche à Bruxelles pour deux représentations, dans le cadre de la célébration des fêtes de Noël. Les chœurs, la Maîtrise et l’orchestre de la Monnaie, plus quelques renforts, ont fait une excellente impression vendredi soir sur le public de Bozar. Stéphanie d’Oustrac, voix d’un velours somptueux, et Lionel Lhote à la diction impeccable campent de façon idéale le couple de Marie et Joseph ; Paul Gay (Hérode), Frédéric Caton et Yves Saelens (le récitant) complètent la distribution sans déparer, alliant vigueur et sincérité.
Tous rendent justice à la partition de Berlioz, hélas trop rarement donnée en concert, qui étonne par sa modernité, sa liberté de ton, sa cohérence et sa force dramatique, malgré un livret bien daté. Ludovic Morlot signe incontestablement ici une belle réussite ! Il se trouve très à son aise dans ce répertoire narratif et plein de couleurs, même si on peut déplorer par endroit trop peu de soin dans les détails (le trio pour flûtes et harpe notamment) . Il offre aux chanteurs le support harmonique nécessaire à l’épanouissement de la ligne de chant, et ménage ses effets dramatiques au service d’une œuvre qui regorge de force expressive, suscitant l’émotion à chaque instant.