Après quatre jours de fête des Lumières (6-9 décembre), Lyon accueillait mardi, dans la Chapelle de la Trinité, une œuvre particulièrement lumineuse de Jean-Sébastien Bach, L’Oratorio de Noël, splendide dramaturgie sonore servie par des interprètes de grand talent. Ce récit condensé des treize jours qui mènent de Noël à l’arrivée des Rois mages a bénéficié de la concentration extrême du Concert Lorrain, brillant et sensible, rigoureux et souriant à la fois, sous la baguette extraordinairement précise de Pierre Cao. On ne peut les citer tous, mais la belle complicité du violoncelliste Stephan Schultz et du premier violon Swantje Hoffmann était rayonnante, l’aisance du premier hautbois baroque, Sarah Assmann, proprement confondante. Les voix n’étaient pas en reste : la clarté d’émission et la richesse du timbre de la soprano Dorothee Mields s’accompagnaient d’un engagement physique dans la dimension quasi opératique de l’oratorio, tandis que Margot Oitzinger déployait avec grâce les couleurs plus sombres de son mezzo-soprano. Chez les solistes masculins, le trac perceptible, au début, à un léger tremblement de la voix, s’est rapidement estompé pour laisser place à l’ampleur du son et à une diction exemplaire : puissance des graves de la basse Peter Kooij, élégance et chaleur du ténor James Gilchrist. On décernera une mention spéciale à l’ensemble vocal Arsys Bourgogne, qui sculpte véritablement toutes les nuances des chorals et des chœurs. Une véritable fête qui, après l’agitation des lumières visibles, diffusait dans le recueillement la lumière invisible du chant et de la musique. [Fabrice Malkani]
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