Beaucoup de jeunes chateurs cherchent à renouveler un peu le style de leurs concerts et explorent des formats nouveaux. Dans ce cadre, l’alliance entre une chanteuse et un quatuor à cordes peut certainement contribuer à sortir des sentiers battus, encore faut-il trouver le répertoire adéquat.
Justement, en 1995 Aribert Reimann a arrangé pour ce type de formation, les lieder que Schubert a écrits sur les textes des quatre chants du Mignon de Goethe, en faisant une sorte de cantate d’une seule venue aux accents dramatiques bien explicites. Et c’est bien dans cet esprit romantique que le Quatuor Schumann voit la pièce. La soprano américaine Brenda Rae, elle, semble avoir une vision radicalement différente. Avec un tout petit filet de voix, elle nous présente un Mignon très fade, sans relief, sans tension dramatique ou presque, sur un ton plaintif mais sans caractère, comme si toute la dimension tragique du personnage lui échappait. En deuxième partie de programme, elle donnera de l’Exultate Jubilate de Mozart (l’orchestre réduit aux dimensions du quatuor à cordes) une version très brillante, maîtrisant à la perfection les difficultés techniques de la partition et vocalisant avec une facilité déconcertante. En bis, l’Ave Maria de Schubert renoue avec les défauts du début, mièvrerie et manque de sens. Entre temps, l’excellent Quatuor Schumann (il se compose des trois frères Erik, Ken et Mark Schumann et de l’altiste Liisa Randalu) avait donné avec beaucoup de sérieux et de conviction le quatuor op 51 de Dvorak et avec un peu de romantisme le dernier quatuor (K.590) de Mozart.
Hohenems, salle Markus-Sittikus, mercredi 13 juillet 20h00.