Si la transcription a toujours existé, c’est au XIXe siècle qu’elle va connaitre sa production la plus abondante, la plus riche aussi, si l’on pense à Liszt, Kalkbrenner, Thalberg comme à des dizaines d’autres. Des milliers de fantaisies, pots-pourris, variations, caprices, souvenirs sur des motifs d’opéras sortirent des presses des éditeurs, parisiens en particulier. Globalement, s’il est injustement méprisé, ce répertoire recèle sinon de réels chefs-d’œuvre, du moins de belles pièces. Atma Classique, avec le concours du Palazzetto Bru Zane, nous en offre un exemple pertinent.
Singulièrement, Ernest Adler est un des plus obscurs transcripteurs de son temps. Suisse formé et installé en France, il dirigea de nombreux opéras, qu’il devait donc bien connaître avant d’en réaliser des « Trios sur les opéras en vogue », publiés par Le Ménestrel. Chacun d’eux reprend les airs et ensembles les plus populaires de chaque ouvrage, organisés et enchaînés en des suites variées.
On pouvait redouter une forme de trivialité, sinon de vulgarité dans l’entreprise. Le trio Hochelaga – canadien – auquel on doit déjà l’enregistrement de nombre de trios de cette musique française du tournant du vingtième siècle, fait preuve d’un goût très sûr : les interprètes jouent cette musique avec autant de soin que s’il s’agissait d’œuvres consacrées. On se prend ainsi à apprécier l’élégance, le goût, la distinction de telle ou telle pièce, en oubliant sa fonction quelque peu commerciale. L’écriture, riche et variée, témoigne d’un savoir-faire indéniable. De la bonne musique finalement, à déguster sans retenue. [Yvan Beuvard]
CD Atma classique ACD2 2652 – 78′