Le Philharmonique de Berlin dirigé par Simon Rattle sera la vedette du nouveau Festival de Pâques de Baden-Baden, du 23 mars au 1er avril 2013. Or, c’est sur cette formation que reposait jusqu’alors le prestige du Festival de Pâques de Salzbourg. La concurrence promet d’être rude. Premières révélations.
Plus que jamais, une quinzaine d’années après la construction du Festspielhaus (la plus grande salle d’Europe après l’Opéra Bastille), Baden-Baden affiche sa volonté de se placer sur l’échiquier des grands festivals internationaux et renoue en quelque sorte avec son glorieux passé. La ville thermale, très à la mode au XIXe siècle, a accueilli en effet les plus grands compositeurs romantiques. Son Théâtre vit même la création de Béatrice et Bénédict de Berlioz en 1862.
Gergiev, Abbado, Boulez, Thielemann, Gardiner ou Hengelbrock sont des habitués du Festspielhaus. De même, toutes les plus grandes formations symphoniques de la planète ainsi que tout le gratin des chanteurs lyriques sont passés par Baden-Baden (nous nous en sommes fait régulièrement l’écho). Mais cette fois, Andreas Mölich-Zebhauser, l’intendant du Festspielhaus frappe un plus grand coup encore.
Tout commence en juin dernier lorsque Simon Rattle annonce qu’il quitte, lui et sa formation, le Festival de Pâques de Salzbourg pour rejoindre Baden-Baden. Ce fut un retentissant coup de tonnerre dans le monde musical. La résidence du Philharmonique de Berlin au Festival de Pâques de Salzbourg datait en effet de l’ère Karajan qui créa cette manifestation en 1967.
Il avait été alors avancé que Rattle bénéficierait d’une plus grande liberté d’action à Baden-Baden, notamment en portant le nombre de représentations d’opéra à quatre (contre deux à Salzbourg). Si ce chiffre n’est pas encore atteint, l’affiche de la première édition est tout de même assez impressionnante.
En matière d’art lyrique, tout d’abord, une Flûte Enchantée plus que prometteuse. Outre l’intérêt de voir Rattle diriger cet ouvrage pour la première fois de sa carrière, Robert Carsen mettra en scène Simone Kermes (la Reine de la Nuit), Pavel Breslik (Tamino), Kate Royal (Pamina), Michael Nagy (Papageno), Chen Reiss (Papagena), le luxe suprême étant de s’offrir un trio de Dames assez inouï (Annick Massis, Magdalena Kozena et Nathalie Stutzmann) et un récitant en la personne de José Van Dam !
A ce coup de maître, il faut ajouter une production de Cendrillon, l’opéra de chambre de Pauline Viardot, avec de jeunes chanteurs accompagnés par des solistes du Philharmonique de Berlin.
Côté concerts symphoniques, on notera une Deuxième Symphonie de Mahler (on aurait tout de même souhaité choix plus audacieux et original : Mahler a écrit neuf symphonies et pas seulement cette deuxième que l’on entend trop souvent au détriment des autres), une Neuvième symphonie de Bruckner (toutes deux dirigées par Rattle) ainsi que la présence de très grands solistes : Maxim Vengerov (dont ce sera le retour sur scène après une blessure à la main) dans le Concerto de Brahms et Kristian Zimerman dans le premier Concerto de Brahms.
L’une des volontés de Simon Rattle est de montrer son orchestre sous toutes ses facettes : dans la fosse pour l’opéra, sur scène pour les concerts symphoniques, mais aussi en formations de chambre. Les « Meisterkonzerten » permettront ainsi d’entendre les solistes du Philharmonique de Berlin en trio, quatuor à cordes, duos violon-piano ou contrebasse-piano, quatuor de trombones, etc. Parmi les œuvres données, on retiendra par exemple le superbe Octuor de Schubert, les merveilleux quatuors avec flûtes de Mozart ou les Sept dernières paroles du Christ de Haydn (version quatuor à cordes). Une soirée rassemblera ces diverses formations, notamment l’exceptionnel ensemble des 12 violoncellistes de l’orchestre, déjà fort connu.
On connaît la volonté éducative de Rattle qui s’exprimera également à ce Festival de Pâques avec une Flûte Enchantée pour enfants toujours jouée par des solistes du Philharmonique.
Dans le même ordre d’idées, un concert permettra d’entendre l’Orchestre National des Jeunes (Bundesjugendorchester), parrainé par Simon Rattle.
Il ne manque plus qu’une plus large part réservée à la musique contemporaine (à peine présente ici), et nous serions comblés !
Lors de la conférence de presse du 12 janvier dernier, Simon Rattle s’est dit « curieux de savoir qui viendra à ce Festival ». Vu les prix affichés, il est fort à parier que le public sera huppé… Ainsi, il faudra compter entre 93 et 310 € pour La Flûte Enchantée et entre 57 et 190 € pour un concert symphonique, ce qui est à peu près l’équivalent du Festival de Salzbourg (qui propose cependant des places de dernières catégories moins chères). Les concerts de musique de chambre sont eux à 15 €.
Forumopera.com sera bien entendu présent aux manifestations lyriques et s’en fera l’écho.
Attention, la location ouvre un an à l’avance le 15 mars 2012, c’est-à-dire dans quelques jours. Rendez-vous sur www.osterfestspiele.de.