Applaudie à l’Opéra de Paris notamment en Adina et en Micaëla, Aleksandra Kurzak y revient cette saison à compter du 29 septembre pour la reprise de La Traviata alors que sort, au disque, un récital chez Sony entièrement consacré à Puccini (Puccini in love) et, chez Warner Classics, l’enregistrement intégral de l’opéra de Jules Massenet, La Navarraise, aux côtés de son mari Roberto Alagna.
Est-ce que cela vous agace qu’on vous considère comme Madame Alagna ?
Mais je suis sa femme ! Alors où est le problème ? Bien sûr, si vous dites simplement « et sa femme chantera ceci ou cela », il vaut mieux préciser mon nom, dire « et sa femme Aleksandra Kurzak », sinon les gens se demanderont de laquelle on parle ! Je plaisante, mais tout dépend du contexte, selon qu’on se situe dans un cadre professionnel ou personnel. Personne ne veut être uniquement le mari ou la femme de quelqu’un. Cela fait déjà près de vingt ans que je travaille dans ce métier qui est aussi ma passion, donc il est agréable de voir mon nom mentionné.
Cela dit, vous chantez beaucoup avec Roberto Alagna, c’est indéniable. Et c’est un choix délibéré ?
Bien sûr. Nous avons décidé d’être parents, de fonder une famille, donc il est évidemment très important d’être ensemble. Nous recevons des propositions de différentes maisons d’opéra, qui nous demandent tantôt de chanter ensemble, tantôt séparément, et bien sûr notre premier choix va aux théâtres qui proposent de nous engager ensemble.
Vous essayez parfois de convaincre les maisons d’opéra de vous engager ensemble ?
On ne peut pas convaincre les gens qui ne veulent pas de vous ! Surtout, je ne me sentirais pas du tout à l’aise si je savais que je chante quelque part uniquement parce que mon conjoint a fait pression pour que je sois engagée avec lui. Et je sais que Roberto pense exactement la même chose, même s’il a une carrière bien plus importante que la mienne. Je suis trop fière pour ça. Je n’accepterais jamais ça de ma vie. Je préfère jouer mon rôle de maman à la maison plutôt que de sentir que je suis là parce que Roberto l’a demandé à quelqu’un. Je veux me sentir désirée ! Pas parce que je suis l’épouse du ténor.
Vous vous déplacez donc toujours en famille ?
Oui, Malena est toujours avec nous, il y a sa nounou qui nous accompagne, parfois mes parents. Bien sûr, tant qu’elle n’est pas en âge d’aller à l’école, elle est toujours avec nous. Quand il faudra la scolariser, ce sera une autre affaire. Je panique déjà à cette idée, parce que ce ne sera pas facile ! Ou alors, elle aura un professeur particulier à la maison, comme font beaucoup de nos collègues, et grâce aux possibilités offertes par Internet. Nous verrons.
Dans quel pays seriez-vous basés ?
En Pologne, officiellement. Roberto me dit : « Il faut que Malena aille à l’école en Pologne, parce que si elle a besoin d’aide, je ne suis pas certain de pouvoir encore le faire, donc il faut que ce soit toi ! » Mais j’ai toujours pensé à une école anglaise, comme ça nous pourrons l’aider tous les deux !
Vous arrivez à trouver des œuvres où vous avez tous les deux un rôle intéressant à chanter ?
Oui, grâce à ma grossesse, nous avons maintenant bien plus de possibilités ! Ma voix a vraiment changé, je peux maintenant aborder un autre répertoire. Avant, ce n’était pas facile, bien sûr, parce que Roberto s’est mis à chanter un répertoire complètement différent du mien. Nous avons déjà chanté plusieurs titres ensemble, et je pense que les années à venir seront encore plus propices.
Vous avez des projets en particulier ?
Il y a un opéra que nous allons chanter ensemble cette saison : nous ferons tous deux nos débuts dans Luisa Miller, à Monte-Carlo en décembre. Et au cours de la saison 2019-20, nous allons chanter ensemble à Paris Don Carlo (la version italienne en cinq actes). Je chanterai aussi ma première Butterfly, sans Roberto, mais qui sait ? A l’avenir peut-être. J’espère que nous nous rencontrerons sur scène !
Votre voix a changé : vous avez donc renoncé entièrement à votre ancien répertoire ?
J’ai déjà renoncé à beaucoup de rôles de mes débuts : toutes les Reines de la nuit, Zerbinette, Blondchen, Olympia. Je crois que je n’aurais plus le cran de chanter ces rôles-là maintenant.
Je pensais que vous deviez faire les trois héroïnes des Contes d’Hoffmann.
Oui, c’était la saison dernière. Je suis arrivée au théâtre, nous avons eu les premières répétitions, mais la relation avec le chef était si déplorable que j’ai préféré rentrer chez moi.
Vous ne chanterez donc jamais cette œuvre ?
Je ne sais pas. J’étais censée la chanter avec Marc Minkowski pour le Musikfest Bremen, mais ça tombe à une période où je ne pourrai pas. Roberto, de son côté, n’a jamais chanté Hoffmann sur scène. Il l’a enregistré, mais n’a jamais pu participer à une seule représentation, je viens de le découvrir. Donc ce ne serait pas déplaisant de le chanter ensemble au moins une fois sur scène. J’ai toujours rêvé de faire les trois rôles, mais en conservant Olympia dans la clef d’origine, car aujourd’hui beaucoup de sopranos transposent vers le bas. Pour moi, le défi était de conserver la tessiture initiale, car je n’ai pas perdu mes aigus. Je croyais qu’après ma grossesse j’allais perdre le contre-mi bémol, mais je l’ai gardé ! Ma voix est devenue plus ronde, plus grande, plus sombre, mais j’ai conservé mes aigus ! J’interprète « E strano » en concert aussi souvent que je peux, pour garder l’habitude du mi-bémol. Quand j’étais enceinte, le mi bémol était devenu très difficile, j’avais très peur. J’étais à Vienne, durant mon cinquième mois de grossesse, j’avais une Traviata prévue. Le si bémol était difficile : je me suis demandé si j’étais en pleine crise vocale, donc je suis allé voir un médecin, car j’étais malade par ailleurs. Il m’a dit que je devais arrêter de chanter : mes cordes vocales étaient enflées, gorgées d’eau. J’ai cru que c’était fini. Pendant neuf mois, plus d’aigus. Je suis restée trois mois sans chanter après l’accouchement, et quand je me suis remise à chanter, j’avais peur.
C’est à ce moment-là que vous avez dû annuler votre Vitellia à Paris ?
Mais j’ai chanté dans cette Clemenza di Tito ! J’ai annulé une ou deux représentations parce que j’étais tombée malade, mais j’en ai chanté six ou sept autres. Du reste, je n’étais pas la seule, car tous les membres de la distribution ont perdu leur voix à un moment ou à un autre : Marianne Crebassa aussi a dû annuler quelques représentations.
Mozart est un compositeur que vous chanterez encore ?
Oui, absolument. Il y a tant de rôles différents dans les opéras de Mozart. En 2005, j’ai chanté Servilia, et douze ans après j’ai abordé Vitellia. J’ai chanté Donna Anna et maintenant j’aimerais beaucoup chanter Elvira. J’ai chanté Susanna mais je pourrais aussi chanter la Comtesse, à présent. Mais en chantant Vitellia, j’ai compris que ce n’est plus mon univers. J’adore écouter la musique de Mozart, il y a des moments où l’on a l’impression, alors qu’on ne s’y attend pas, qu’il a été touché par le doigt de Dieu. Mais c’est un univers qui me paraît presque trop structuré, trop canalisé. Maintenant, avec Puccini, tout un monde s’ouvre devant moi, avec ces mélodies, ces harmonies si riches. Par ailleurs, je suis peut-être devenue quelqu’un de différent, j’ai beaucoup mûri. Je ne me sens plus à l’aise dans les rôles de comédie que je faisais avant. J’ai d’autres aspirations.
Vous avez enregistré un CD consacré à Rossini. Un compositeur auquel vous avez renoncé ?
Je peux encore le chanter ! J’ai encore la colorature, on en a besoin, même pour un répertoire plus lourd : Leonora du Trouvère ou Abigaille dans Nabucco. Chez Rossini, je serais désormais plus intéressée par les opéras serias, comme Semiramide. J’ai beaucoup chanté Rossini, mais maintenant mon cœur est plus attiré par Verdi et Puccini.
Et puis, Mozart et Rossini sont des compositeurs que vous ne pouvez pas chanter avec votre mari !
Qui sait ? J’ai essayé de le convaincre : Si tu peux chanter Wagner, on pourrait essayer un Mozart, même pas forcément en allemand. Bien sûr, ce ne serait absolument pas ce à quoi les gens s’attendent, mais je lui ai dit que ce serait bien, en concert, de chanter un duo Donna Anna / Don Ottavio. En fait, l’Opéra de Paris avait proposé à Roberto de chanter Titus à Garnier, avant qu’on me propose Vitellia. Il a refusé, et quelques mois plus tard, quand j’ai signé mon contrat, nous avions complètement oublié qu’il aurait pu être Titus face à moi ! Nous avons écouté Franco Bonisolli, qui a chanté Titus de manière incroyable, avec une voix énorme voix mais en faisant toutes les coloratures. Cette facilité, cette virtuosité, il faut être né avec : ça ne s’apprend pas. On a beau travailler, ce ne sera jamais naturel, ça ne donnera pas la chair de poule. Alors que c’est comme un feu d’artifice, quand on sait le faire sans que l’effort soit perceptible.
Les gens se sont rendu compte que votre voix avait changé quand vous avez chanté dans La Juive à Munich en octobre 2016. Comment avez-vous su que vous pouviez passer d’Eudoxie à Rachel ?
C’est Roberto qui a eu l’idée. Je ne connaissais pas cet opéra, je ne l’avais jamais vu ni écouté, je connaissais uniquement l’air du ténor, « Rachel, quand du seigneur ». Alors que Roberto se préparait à chanter Eléazar, Kristine Opolais a annulé. Bertrand de Billy a dit : « Nous n’avons personne, je ne sais pas comment nous allons faire ». Et Roberto a répondu : « Je ne forcerai personne, mais en entendant la voix qu’elle a maintenant, je pense qu’Aleksandra pourrait chanter le rôle de Rachel ». Le chef a été surpris, mais Roberto s’y connaît en voix. Et ce n’est pas un mari qui veut à tout prix pousser sa femme en avant. C’est ce qu’il l’a expliqué : « Je ne suis pas stupide, jamais je ne ferais courir à Aleksandra le risque d’être huée ou de détruire sa voix ». C’est là que j’ai pris la partition, j’ai écouté l’enregistrement de Krassimira Stoyanova à Vienne ; elle aussi vient du bel canto, et j’ai aimé son approche, très belcantiste, justement. Nous avons vu qu’au XIXe siècle, les mêmes chanteuses qui avaient parfois chanté Eudoxie avaient ensuite abordé Rachel, écrit pour Cornélie Falcon. Comment est-ce possible ? Simplement parce que ces deux tessitures ne sont pas si différentes. En regardant la partition, on voit que ce sont des rôles très exigeants, parce que la tessiture des ensembles est très aiguë ; il y a des passages très bel canto, parfois très mozartiens, comme le trio avec les deux ténors, mais il faut aussi avoir les notes graves, et je les avais. Souvent, les sopranos coloratures ont un très bon registre grave : Blondchen ou Fiordiligi, que j’ai interprétées à Munich, ont des notes vraiment graves, qui ne m’ont jamais fait peur. Pour La Juive, il faut le contre-ré, qui ne m’inquiétait pas. Donc j’ai dit OK, relevons le défi. Ce spectacle a beaucoup compté pour moi. C’était une nouvelle production, les gens disaient « elle va y laisser sa voix », même sur Forum Opéra ! Bien sûr, il y a toujours ces préjugés, mais en fin de compte, il faut surtout croire en soi. J’ai grandi dans une maison d’opéra, j’ai commencé la musique à 7 ans, donc je ne suis pas assez bête pour me détruire.
Qu’avez-vous ressenti en interprétant cette musique ?
Je me suis sentie parfaitement heureuse, parce que je n’avais plus envie d’être une petite colorature, j’aspirais à des rôles plus dramatiques. Mon ancien agent m’a raconté cette histoire à propos de Cristina Deutekom, qui chantait la Reine de la Nuit, et un jour elle a chanté Pamina. Tout le monde s’est étonné, et elle a expliqué : « J’en ai marre d’attendre en coulisses ! » C’est un peu la même chose pour moi : sur scène, j’adore être la diva. Quand on a été premier violon, c’est difficile de jouer les seconds violons. Je me rappelle mes débuts à Hambourg, j’étais très jeune, j’avais 24 ans. J’avais déjà passé un an à Breslau, où j’avais chanté Rosina, Gilda, tous les rôles. En arrivant à Hambourg, on m’a confié le Page dans Rigoletto. Trois mesures en tout et pour tout ! J’étais tellement contrariée, tellement malheureuse de devoir chanter ce rôle que ma voix ne sortait pas. C’est incroyable, mais j’en devenais mauvaise, vous ne pouvez pas imaginer à quel point. La soprano qui chantait Gilda est tombée malade, elle a dû annuler, et j’étais sa doublure. Franz Grundheber, un merveilleux Rigoletto, a dit à la direction du théâtre : « Prenez la petite Polonaise, elle est formidable. Pourquoi aller chercher ailleurs, donnez-lui sa chance ! » Le chef a répliqué : « Tu es dingue ? Elle ne sait pas chanter le Page, comment voudrais-tu qu’elle puisse chanter Gilda ? Impossible ! » Finalement, ils m’ont fait confiance et ça a été la révélation !
Y aurait-il d’autres rôles dans le répertoire français, que vous pourriez chanter avec ou sans Roberto Alagna ?
J’ai fait Juliette une seule fois, aux Arènes de Vérone, c’était beau, j’aimerais le refaire. Je pense à Marguerite, aussi, bien sûr dans Faust. Manon, peut-être. De Massenet, on nous avait demandé, à Roberto et à moi, de faire Esclarmonde, je crois, quelque part en France, mais nous n’étions pas libres. Il faut dire aussi qu’en dehors de quelques titres très connus, on joue hélas assez peu l’opéra français, et que je ne le connais pas très bien en dehors de ces quelques œuvres-phares.
Pourriez-vous user de votre notoriété pour faire jouer les compositeurs de votre pays ?
Ce qui est triste, c’est qu’à présent, même en Pologne, on ne joue plus notre répertoire. Ma mère, qui chantait sur la scène de l’opéra de Varsovie, et mon père, qui jouait dans l’orchestre, me disent que dans les années 1970, on donnait constamment Le Manoir hanté et Halka, de Moniuszko. A présent ce qui fait sensation en matière d’opéra polonais, c’est Le Roi Roger de Szymanowski, et Marius Kwiecien est toujours en pourparlers avec le Met pour monter cette œuvre. Le seul opéra polonais jamais représenté au Met, c’est Manru, de Paderewski, une œuvre incroyablement belle, avec un beau rôle de ténor héroïque. On m’a proposé Halka, avec Piotr Beczala, au Theater an der Wien en 2019-20, mais je serai à Paris pour Don Carlo à ce moment-là.
Vous avez pourtant enregistré Quo Vadis, de Nowowiejski.
J’ai aussi enregistré le Stabat Mater de Szymanowski, qui a été très bien reçu par la critique. On m’a proposé de participer à des intégrales d’opéra, toujours des deux mêmes titres, Le Manoir hanté et Halka, mais sur instruments anciens, et ils ont proposé à Roberto de chanter le rôle de Jontek, dans Halka, donc qui sait, ça se fera peut-être. C’est encore en discussion, mais c’est toujours une question de temps.
Roberto peut chanter en polonais ?
Bien sûr qu’il pourrait ! S’il peut chanter en allemand ou en russe, il pourrait chanter en polonais. C’’est plus difficile, mais il pourrait. Le projet a été lancé par l’Institut Frédéric Chopin, pour lequel j’ai enregistré les mélodies de Chopin qui ont obtenu un Diapson d’Or. Ils veulent enregistrer la version italienne de Halka, parce que c’est une rareté qui pourrait toucher un plus large public, peut-être.
Vous sortez aujourd’hui cet album Puccini : à part Mimì et Liú, avez-vous chanté d’autres rôles ?
Oui, Musetta, à mes débuts ! Juste ces trois-là.
Vous allez chanter les autres en scène ?
J’adorerais. Comme je l’ai dit, je vais très probablement chanter Madame Butterfly : le contrat n’est pas encore signé mais je pense que je vais accepter cette proposition, à Naples, et je le ferai d’abord en Pologne, à titre d’essai, dans mon pays, sans la pression d’une prise de rôle dans un des très grandes maisons d’opéra du monde. En fait, l’Opéra de Varsovie voulait que je chante quelque chose chez eux, j’avais un créneau, donc je leur ai proposé Butterfly. J’aimerais aussi chanter Manon Lescaut, Tosca, La Rondine…
Quand même pas Turandot ?
Je n’en ai aucune envie ! Je n’aime pas le personnage de Turandot. Liú est un si beau rôle, sa sincérité, son intensité, son amour me touchent. Elle a de si belles choses à chanter qu’elle conquiert forcément le cœur du public. Dans ce rôle, vous pouvez chanter comme vous voulez, le public vous adore !
Quels chanteurs admirez-vous, du passé ou d’aujourd’hui ?
Ma mère ! Elle a été ma professeur de chant. Sa trajectoire est stupéfiante. Elle a commencé comme soprano très légère, comme moi, avec Olympia, la Reine de la Nuit, et à 60 ans elle a chanté sa première Turandot ! Donc si vous voulez que j’interprète Turandot, on en reparlera dans 20 ans ! J’admire ma mère pour son courage, ce qu’elle a fait durant les temps difficile de l’ère communiste. Elle a reçu beaucoup de propositions pour aller chanter à l’étranger, mais elle ne pouvait obtenir de passeport, on ne la laissait pas partir, donc elle n’a pas eu la carrière internationale qu’elle aurait pu faire avec la voix incroyable qu’elle avait. En tournée, il lui arrivait de chanter 40 représentations en 40 jours.
Parmi les chanteurs « internationaux », j’aime énormément Mirella Freni, pour la beauté, la couverture du son, la rondeur. J’admire beaucoup Renata Scotto, à cause de ce qu’elle a fait : partie d’Adina et Gilda, elle a chanté tous les grands rôles, Manon Lescaut, Tabarro, avec une approche belcantiste. C’est un modèle pour moi.
Vous avez un autre projet de CD, pouvez-vous nous en dire plus ?
Non ! Je n’ai pas le droit d’en parler. L’enregistrement aura lieu cet été, mais le programme n’est pas encore établi. Un programme nouveau, un mélange entre ce que je chante sur scène et des choses que je n’ai pas abordées. Une surprise, même pour moi !
Propos recueillis et traduits le 18 juin 2018