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Trophées 2017 des lecteurs : le palmarès

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Actualité
1 janvier 2018
Trophées 2017 des lecteurs : le palmarès

Infos sur l’œuvre

Détails

Parce que les prix, dans tous les domaines, sont trop souvent attribués arbitrairement, selon des critères discutables ou confus, parfois par simple petits arrangements entre amis, nous avons voulu rendre nos trophées annuels démocratiques. Avons-nous eu raison ? La réponse semble être oui. Avec plus de 10.000 visites depuis son lancement en décembre, la page caracole en tête de nos taux d’audience.

Certains auront trouvé la sélection liminaire restrictive. Sauf à développer une application spécifique dont nous n’avons pas les moyens, elle était inévitable. Les règles qui ont guidé nos choix sont rappelées ci-dessous*.

D’autres estiment l’exercice vain. Pas forcément. Il est l’occasion de (re)mettre en lumière des artistes ou des publications qui, dans le feu du quotidien, auraient pu échapper à l’attention. Nul n’est censé lire forumopera.com tous les jours.

Enfin, le palmarès – inattendu, si l’on prend comme seul critère d’évaluation l’exposition médiatique des candidats – montre que l’opéra n’est jamais avare de surprises. C’est aussi pour cela que nous l’aimons.

Merci de votre participation et bravo aux lauréats.


Meilleure artiste lyrique féminin : Elina Garanča (39%)

Depuis 2006, date à laquelle nous lui avons consacré un premier dossier (mis ensuite à jour en 2010), Elina Garanča a intelligemment tissé sa toile. A la base, une voix de mezzo-soprano chaude, égale et satinée, une détermination à toute épreuve – et condition non négligeable à notre époque – un physique : une froide blondeur à laquelle Hitchcock aurait pu ne pas être insensible. De ses premiers Mozart et Rossini, elle a retenu l’indispensable leçon de grammaire pour que, par exemple, aucun des effets voulus par la Chanson du voile dans Don Carlos ne soit contourné. Qu’il fut doux et bon cet automne d’entendre Eboli triller. De Charlotte, de Santuzza, de Carmen dont elle est une des meilleures titulaires aujourd’hui – elle le démontrait encore en juillet dernier à la Bastille –, elle a puisé l’énergie fougueuse et le sens de l’urgence dramatique. La glace sait devenir feu. Et la femme, si fatale soit-elle, peut devenir homme sans l’ombre d’un doute. Rarement dans Rosenkavalier à New York en avril dernier, on avait vu chevalier aussi crédible physiquement. Ce n’est pas son seul nom qui, au départ, motivait une grande partie du public de Don Carlos à Paris en octobre. Pourtant, tous en sont ressortis les yeux et les oreilles chavirés. Le choix de nos lecteurs en est une preuve supplémentaire.

2. Sabine Devieilhe (31%)
3 ex-aequo. Marie-Nicole Lemieux (11%)
3 ex-aequo. Anna Netrebko (11%)
5. Sonya Yoncheva (8%)

 

Meilleur artiste lyrique masculin : Ludovic Tézier (38%)

Il y eut d’abord cette année un récital au Palais Garnier, un froid dimanche de janvier, où devant une salle comble, Ludovic Tézier laissait entrevoir les quelques héros wagnériens que son chant pourrait un jour engendrer. Puis, l’écho d’un Trouvère viennois où aux côtés d’Anna Netrebko il raflait encore la mise, et le premier Simon Boccanegra. Mémorable. Si Londres, en le privant du rôle de Iago, l’empêcha en juin de marquer de nouveaux points, Paris lui offrit sa revanche. La nouvelle production de Don Carlos à la Bastille ne fit pas l’unanimité – loin de là – mais tous s’accordèrent à porter son interprétation du Marquis de Posa au pinacle. La beauté, la longueur, la puissance, la ligne : évidemment. Plus encore, la compréhension intime du texte et la manière noble de le traduire firent la différence. Ce premier trophée de nos lecteurs salue aussi la longue lignée de nos barytons français dont Ludovic Tézier est aujourd’hui un de nos meilleurs représentants : une prestance, un orgueil qui passe parfois pour de la raideur mais qu’Ernest Blanc, autre baryton glorieux, appelait à raison « art pur ».

2 ex-aequo. Jonas Kaufmann (20%)
2 ex-aequo. Michael Spyres (20%)
4. Stéphane Degout (18%)
5. Ildar Abdrazakov (4%)

 

Meilleur chef d’orchestre : Speranza Scappucci  (29%)

Quelle ascension ! D’abord pianiste de concert, Speranza Scappucci est devenue en peu de temps une chef d’orchestre connue, reconnue et sollicitée un peu partout dans le monde. Tout comme nos lecteurs, l’Opéra Royal de Wallonie ne s’y est pas trompé. En septembre dernier, l’institution lyrique liégeoise lui confiait officiellement la tête de son orchestre. Jerusalem en mars et plus encore, Manon Lescaut en septembre ont confirmé le bien-fondé du choix. Et si certains esprits malveillants s’avisent de mettre son succès sur le fait qu’elle soit une femme au sein d’une profession majoritairement masculine, la réponse de Speranza Scapucci ne se fait pas attendre : « On est musicien, on n’est pas homme ou femme. C’est la musique qui règne. ».

2. Christophe Rousset (25%)
3. John Nelson (21%)
4. Giacomo Sagripanti (15%)
5. Daniele Rustioni (11%)

 

Etoile lyrique montante : Cyrille Dubois (30%)

Amorcée par Cosi fan tutte au Palais Garnier, achevée avec La Cenerentola à Lyon, l’année de Cyrille Dubois s’apparente à un marathon. Durant ces douze mois, le ténor normand, révélation lyrique des victoires de la musique 2015, fut partout où il fallait être. Opportunisme ? Non, gestion avisée d’une carrière en phase de décollage avec comme étapes clés : Lucien de Rubempré dans Trompe-la-Mort, une création mondiale sur la scène de l’Opéra Bastille ; Iopas remarqué dans « Les Troyens du siècle » ; Nadir ovationné dans une version de concert des Pêcheurs de perles à Lille puis au Théâtre des Champs-Elysées ; et des apparitions toujours à propos dans divers CD et DVD (Pygmalion, Mitridate…). Le champ s’élargit si l’on ajoute une prédilection pour la mélodie, à l’Athénée et au Musée de l’Armée à Paris notamment. Avec une voix haut placée et légère, une facilité à vocaliser, une diction claire, une élégance naturelle, presque délicate, Cyrille Dubois a l’embarras du répertoire : Mozart, Rossini, le baroque français, l’Opéra-Comique du 19e siècle (il sera dans quelques semaines Horace de Massarena dans Le Domino noir à Liège puis Paris) sont, entre autres, à portée de chant. Quelle direction prendra-t-il ? Prendra-t-il d’ailleurs une direction ? Qu’importe, nous observerons l’étoile monter.

2. Nadine Sierra(19%)
3. Marianne Crebassa (18%)
4. Florian Sempey (18%)
5. Stanislas de Barbeyrac (15%)

 

Meilleure nouvelle production : Carmen (Nicola Berloffa, Rennes) (35%)

Certes, il y eut diffusion gratuite sur une vingtaine d’écrans dans près de 25 villes bretonnes. L’opéra de Rennes se plaçait une nouvelle fois à l’avant-garde des technologies de l’image et du son. Si toutefois un lecteur sur trois a choisi cette nouvelle production de Carmen, ce n’est pas seulement en raison d’un dispositif innovant. Dans un des opéras les plus représentés au monde, Nicola Berloffa a réalisé l’impossible sans-faute. Sa proposition, dénuée de vulgarité, emprunte ses meilleures idées au cinéma. La réussite visuelle et scénique n’empiète pas sur la direction d’acteur, elle aussi remarquable. L’intelligence du concept, enfin, a mis en valeur un impeccable plateau vocal francophone mené par Claude Schnitzler à la tête de l’Orchestre Symphonique de Bretagne.

2. Billy Budd (Deborah Warner, Madrid) (24%)
3. Cosi fan tutte (Ivan Alexandre, Versailles) (18%)
4. Tannhaüser (Romeo Castellucci, Munich) (15%)
5. Tiefland (Walter Suttcliffe, Toulouse) (8%)

 

Meilleur album de l’année : Véronique Gens, Visions (Alpha) (32%)

Le sujet avait en juin dernier divisé la rédaction. Pour ou contre ? Nos lecteurs ont tranché. Oui, si difficile soit le choix, si rude soit la concurrence, l’album de Véronique Gens, Visions, est de ceux, inestimables, qui marquent un jalon dans la réappropriation d’un répertoire français trop longtemps délaissé. Derrière ce vote, on croit aussi percevoir la reconnaissance exprimée à une artiste (trop) discrète qui, depuis la série Tragédiennes – et même avant – porte haut les couleurs du chant français sous toutes ses formes : mélodie, opéra…

2. Juan Diego Florez, Mozart Album (Sony) (21%)
3. Diana Damrau, Meyerbeer, Grand Opéra (Erato) (20%)
4. John Osborn, A Tribute to Gilbert Duprez (Delos) (14%)
5. Ann Hallenberg, Carnevale (Pentatone) (13%)

 

Meilleur livre de l’année : Avant-Scène Opéra, spécial anniversaire. 40 ans d’édition (48%)

En janvier 1976, paraissait la première édition d’une revue, consacrée à La Flûte enchantée. Une quarantaine d’années et trois-cent numéros plus tard, l’Avant-Scène Opéra appartient au paysage médiatique lyrique francophone, de la même manière que la Tour Eiffel domine la skyline parisienne. Source inépuisable d’approfondissement des ouvrages du répertoire, la publication, dirigée aujourd’hui par Michel Pazdro et Chantal Cazaux, a eu la bonne idée d’un numéro anniversaire, gai, varié et comme toujours instructif, plébiscité par un de nos lecteurs sur deux.

2. Jean-Philippe Lafont, Avec voix et éloquence (Larousse) (17%)
3. André Lischke, Guide de l’opéra russe (Fayard) (16%)
4. Gaëlle Loisel, La Musique au défi du drame. Berlioz et Shakespeare (Classique Garnier) (12%)
5. Fritz Busch, L’exil : 1933-1951 (Notes de nuit) (7%)

 

Meilleur DVD de l’année : Vincenzo Bellini, I puritani (BelAir Classiques) (36%)

Au Teatro Real de Madrid en juillet 2016, I Puritani, l’ultime opéra de Vincenzo Bellini mis en scène par Emilio Sagi et dirigé par Evelino Pido claudiquait. Captée puis éditée par BelAir Classiques, la représentation prend une autre tournure. Autour du duo formé par Diana Damrau et Javier Camerana, les planètes trouvent leur alignement et cette version se hisse d’autant plus haut dans la vidéographie de l’œuvre qu’elle a été préférée par un tiers de nos lecteurs.

2. Wolfgang Amadeus Mozart, Mitridate (Erato) (23%)
3. Richard Wagner, Lohengrin (Deutsche Grammophon) (20%)
4. Giuseppe Verdi, Un ballo in maschera (C Major) (18%)
5. Giuseppe Verdi, Il trovatore (Dynamic) (4%)

 

* L’essentiel de notre lectorat étant francophone, la sélection s’appuyait sur le rayonnement en Francophonie durant l’année 2017 des artistes nommés, via notamment les retombées médiatiques et les réseaux sociaux. A ce premier critère, nous avons ajouté nos statistiques en privilégiant les artistes avec le meilleur taux d’audience. Nous avons enfin essayé d’éviter qu’un même artiste soit représenté plusieurs fois dans différentes catégories. Pour les productions, CD, DVD et livres, nous avons également pris en compte la note attribuée par notre critique.

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