C’est en 1750 que la dépendance de la maison communale (où siégeaient les magistrats municipaux appelés capitouls) où se donnaient les spectacles depuis le XVIe siècle fut englobée dans la façade majestueuse qui forme aujourd’hui un des côtés de la célèbre Place du Capitole. Maintes fois remaniée, elle abrite un théâtre à l’italienne, siège d’une l’institution lyrique connue dans le monde entier.
Adresse : Place du Capitole -31000 – Toulouse
Site web : www.theatreducapitole.fr
Année de construction : La salle actuelle a été ouverte en 1996 après seize mois de travaux portant sur la fosse et les espaces publics, entièrement redécorés. La sobriété des espaces périphériques qui y conduisent, surfaces blanches et bois blond, renforce sans doute l’impression produite par la création de Richard Peduzzi, décorateur scénographe : un trompe-l’œil ( réalisé par Antoine Fontaine) mêle dans un camaïeu l’or et le pourpre de tradition à du bleu et de l’ocre, d’où émergent à peine des masques inspirés de l’antique, et les écussons des capitouls (anciens magistrats de la ville).
Architectes : Yvonnick Corlouër et François Linares
Style : Salle à l’italienne avec balcons.
Répertoire : La réputation de temple du bel canto qui sera longtemps associée au théâtre naît après la réouverture de la salle en 1818. Non seulement les gloires de la scène s’y produisent, tel Duprez, mais le Conservatoire créé en 1820 et érigé en 1844 en succursale du Conservatoire de Paris constitue une pépinière pour les talents locaux. En outre, il existe une règle à laquelle doivent se soumettre tous les chanteurs aspirant à un engagement permanent : plaire au public dans trois rôles différents. Cette épreuve des « trois débuts » fait du théâtre un endroit redouté et prestigieux. Elle disparaîtra après la première guerre mondiale. Les opéras, quels qu’ils soient, sont chantés en français, et quand Wagner sera enfin donné en allemand, au milieu des années 50, ce ne sera pas sans résistance du public !
Longtemps basée sur les œuvres phares du répertoire, choisies parfois en fonction des propositions de grands théâtres étrangers quand ils organisaient des tournées ou pour accueillir des interprètes renommés dans leur répertoire de prédilection, la programmation a connu depuis une trentaine d’années une large diversification sous l’impulsion de Michel Plasson et de Nicolas Joel, dont l’empreinte a marqué l’histoire du théâtre. A côté des titres incontournables sont apparues des raretés comme des œuvres baroques – on se souvient de la réussite d’Hippolyte et Aricie. Grâce au volontarisme de Frédéric Chambert, le répertoire s’enrichit de créations, fruit de commandes passées à des compositeurs contemporains. Dernière en date Les Pigeons d’argile, de Philippe Hurel, dont le DVD a été couronné par la SACEM. Les enregistrements sont disponibles à la billetterie et auprès des ouvreuses les soirs de spectacle. En outre le théâtre diffuse lui-même sur Youtube des vidéos sur ses activités. Actuellement, c’est notre confrère Jean-Jacques Groleau qui assume la direction artistique par interim.
Actions éducatives et culturelles : Pour l’année écoulée, le bilan des actions culturelles s’élève, selon les derniers chiffres publiés par le théâtre, à 214 rendez-vous qui ont touché 28333 personnes dont 18000 pour les Journées Tous à l’Opéra. Une exposition de costumes de scène a reçu 46412 visiteurs. Avec 217 rendez-vous les actions éducatives proprement dites ont concerné 10407 élèves et professeurs, dans 23 écoles élémentaires, 43 collèges et 20 lycées, tant sur la métropole et le département que sur la région Midi-Pyrénées. Deux journées de formation s’adressaient spécifiquement aux enseignants volontaires.
Conférences, rencontres, journées d’études, projections de films documentaires, ateliers d’écoute, programmes spécifiques pour les enfants, démonstrations publiques, visites du théâtre et des coulisses, ateliers de chant choral, de peinture ou de danse, accès aux répétitions générales, politique tarifaire incitative – gratuité ou tarifs réduits -, autant d’actions dont le nombre et la diversité témoignent de l’engagement de la Ville, puisque, faut-il le rappeler, le Théâtre du Capitole est un théâtre municipal.
L’orchestre national du Capitole : Initialement orchestre du Théâtre du Capitole, il a gagné sous la direction de Michel Plasson le label d’Orchestre National qu’il conserve avec panache. Aujourd’hui son directeur musical pour la saison symphonique est Tugan Sokhiev. L’effectif actuel de 125 musiciens permet en principe de programmer en parallèle un opéra et un concert symphonique, en bonne adéquation des programmations respectives du Théâtre et de l’Orchestre, qui se produit en concert à la Halle aux Grains.
Créé dès le XVIIIème siècle le chœur regroupe actuellement 45 artistes permanents, auxquels sont adjoints des choristes supplémentaires si besoin est. Outre sa participation aux opéras, il a son propre programme de concerts et son directeur actuel, Alfonso Caiani, cherche à étendre le répertoire, en élargissant l’éventail dans le temps : plus loin dans le passé, plus près dans le présent. Le chœur est régulièrement présent aux Chorégies d’Orange.
Depuis 2013 le théâtre a aussi sa Maîtrise, que dirige également Alfonso Caiani. Elle est composée actuellement de 68 membres entre 8 et 20 ans. Le recrutement est annuel. A l’apprentissage vocal (deux séances hebdomadaires de septembre à juin) peuvent s’ajouter des ateliers de théâtre et d’expression corporelle.
Le ballet du Capitole : Inféodé aux productions lyriques depuis le XVIIIe siècle, le corps de ballet du Capitole ne prend son autonomie qu’en 1949. Aujourd’hui il est composé de 35 danseurs de 14 nationalités différentes. Sous la direction de Kader Belarbi, ancien danseur étoile de l’Opéra de Paris et chorégraphe, il vient d’enrichir son répertoire de 17 chorégraphies nouvelles. S’il ne participe plus aux productions du théâtre, cette indépendance lui permet de proposer au public davantage de danse au cours des saisons. Il se produit sur la scène du Capitole, parfois à la Halle aux Grains, ainsi qu’en tournées régionales (Montpellier) nationales (Paris et Lyon) et internationales (Chine, Espagne, Italie).
Histoire de l’édifice : Jusqu’à la moitié du XVIIe siècle, les spectacles se déroulaient dans une dépendance attenante à la maison communale. On y dressait des tréteaux et Molière y joua en 1645 et 1647. En 1659, pour la visite de Louis XIV, un passage fut créé pour relier directement la mairie et ce lieu. En 1671 la scène devint permanente et des loges furent créées pour les Capitouls. La question se posa quelques décennies plus tard : fallait-il rester là ou migrer vers un lieu plus spacieux ? La décision prise en 1736 d’installer une salle de spectacle dans l’Hôtel de Ville entraîna la transformation de la salle en théâtre à l’italienne. Livré en 1737 il accueillait 667 spectateurs dans un décor scandé par des colonnes ioniques dû au peintre et architecte Guillaume Cammas, qui allait en 1750 l’enrober dans la façade monumentale qu’il avait conçue pour le nouvel Hôtel de ville. Depuis le théâtre des Toulousains est resté où il était né ! Fermé en 1800 pour des raisons de sécurité, rouvert en 1818, objet de réaménagements multiples qui l’ornaient en 1835 d’une décoration mariant Renaissance et Moyen-Age, réformé pour vétusté en 1878, il renaît en 1880 dans une dominante vieil-or d’inspiration baroque. Cette salle est détruite par un incendie en 1917. Obsolète dès sa réouverture en 1923 car reconstruite sur des plans établis en 1892, sa remplaçante sera à son tour remplacée en 1950 par une autre dont les habitués dénigreront l’esthétique minimaliste. Jugée dépassée à son tour pour les innovations techniques apparues, elle disparaît en 1974, au profit d’un projet si ambitieux et si coûteux qu’il ne sera réalisé qu’en partie. Les travaux s’imposant dans la fosse sont l’occasion de refaire les espaces publics en 1996. La salle actuelle en est le fruit. La mise aux normes de sécurité des équipements techniques de la cage de scène a donné lieu à un nouveau chantier en 2004, et la saison s’est transportée à la Halle aux Grains, transformée depuis 1974 en salle de spectacle à l’initiative de Michel Plasson.
Meilleures places et tarifs : A notre avis, le premier balcon et les premiers rangs du deuxième, en évitant, comme toujours, les places latérales qui n’offrent pas une vue complète de la scène, et les places situées sous l’avancée du balcon supérieur. Mais l’orchestre a ses partisans, l’ampleur sonore venant de la fosse y étant peut-être moindre qu’en hauteur, ce qui n’est pas toujours un mal. Les prix des places à l’unité s’étalent de 109 euros à 20,50 euros pour les séries les plus chères, toute une gamme de propositions permettant aux jeunes jusqu’à 27 ans, aux seniors toulousains, aux demandeurs d’emploi, aux comités d’entreprise et bien sûr aux abonnés de bénéficier de tarifs préférentiels.
Acoustique : Comme à chaque fois que des travaux sont effectués, on trouve des nostalgiques qui vous disent que c’était mieux avant. Les dimensions du théâtre sont telles que l’acoustique nous semble bonne partout, même si au premier balcon on peut parfois éprouver l’impression d’écouter les chœurs à travers un dispositif d’amplification.
Anecdotes : En 1947 Vincent Auriol, président de la République, natif de Muret, tout près de Toulouse, assiste à une soirée donnée en son honneur. Le ténor Louis Tharaud, auquel le public réclame de bisser « Asile héréditaire » l’apostrophe ainsi : « Ecoute bien, Vincent, c’est pour toi que je bisse ! ». La même année, la nacelle accrochée au cygne se détache, et Lohengrin doit marcher sur l’eau pour rejoindre ses partenaires. En 1946, la représentation de Lakmé est interrompue : le collier de Nilakhanta s’est brisé et les perles répandues provoquent des chutes en série sur la scène. Au dernier acte de Tosca, Raymonde Lapeyre se jette du haut du Château Saint-Ange et rebondit sous les yeux ébahis des spectateurs…
Vestiaires : Deux par étage, gratuits et surveillés, sauf à l’amphithéâtre et au Paradis
Toilettes : De même, sauf au Paradis (les anges, n’est-ce pas…)
A l’entracte : Deux espaces dédiés aux rencontres, avec un bar pour chacun, souvent pris d’assaut. Le plus grand, où les chanceux pourront s’asseoir, a des balcons qui donnent sur la place du Capitole. Le palier intermédiaire est décoré d’une grande fresque murale très colorée signée Jean-Paul Chambas.
Accessibilité : La présence de spectateurs en fauteuil roulant indique l’existence des équipements nécessaires à permettre leur accès. Le grand escalier qui conduit du hall d’entrée aux étages est muni de rampes. Depuis 2009 le Théâtre peut proposer aux spectateurs malentendants ou malvoyants des dispositifs (casques ou récepteurs sans fil) destinés à l’amplification ou à l’audiodescription.
Arriver au Capitole : Le sous-sol de la place est aménagé en parc de stationnement pour les automobiles. Les voyageurs arrivant en train peuvent prendre un taxi ou le métro, deux stations depuis la gare, direction Basso Cambo. Pour ceux qui arrivent en avion, taxi ou navette, qu’ils peuvent emprunter jusqu’aux arrêts Jeanne d’Arc ou Jean Jaurès, les plus proches du théâtre.
Dîner ou souper à proximité : On n’a que l’embarras du choix, étant donné la profusion de l’offre, mais il vaut mieux réserver après un spectacle en soirée. Citons la Brasserie du Grand Hôtel de l’Opéra, plutôt BCBG mais pas gourmande pour deux sous, la Brasserie des Arcades où l’on peut manger une poêlée de poissons à l’espagnole, le Bibent et son décor expressionniste, le Florida, autant d’adresses à deux pas du théâtre où l’on n’a guère à redouter de mauvaises surprises.
Où dormir : Plusieurs hôtels haut de gamme sur la place, le plus ancien et notre préféré étant Le Grand Hôtel de l’Opéra**** que seule la largeur de la rue sépare de l’entrée du théâtre, mais à trois cents mètres à peine l’Hôtel Albert Ier***, rue Rivals, entièrement rénové, ou, à cinq cents mètres, rue Labéda, l’Hôtel Royal Wilson** dont les chambres sortent harmonieusement de la banalité courante, sont nettement moins onéreux.
Quel que soit le toit qui abritera votre sommeil, vous pourrez avoir une pensée pour Pierre Nougaro, qui fut artiste en troupe au Capitole, comme le chanta son fils, et, si vous avez eu la chance de les croiser au théâtre, vous endormir avec l’image du sourire de Jeanne Berbié ou du beau regard de Mady Mesplé, dignes représentantes de l’éclat de l’enseignement de la musique et du chant à Toulouse, et ornements de sa réputation.