Dans le cadre de l’Année France-Russie 2010, le musée de la musique propose depuis début octobre une exposition, intitulée « Lénine, Staline et la musique », sur la création musicale soviétique de la révolution d’octobre 1917 à l’année 1953. Dès son avènement, le régime communisme utilisa l’art comme moyen de propagande. Lénine et plus tard Staline entretinrent avec les artistes des relations complexes, à la « je t’aime moi non plus », qui influèrent sur la production artistique de l’URSS. La musique évidemment n’échappa pas à cette main mise du pouvoir tout en occupant une place à part. Les deux dictateurs considéraient son potentiel idéologique bien inférieur à celui du cinéma ou de la littérature. La nature abstraite de son langage, cependant, la rendait particulièrement difficile à manipuler et donc dangereuse. Le seul moyen de limiter le danger était de ne pas s’écarter des chemins balisés par les grandes gloires du passé : Glinka et Tchaïkovski. Pour les compositeurs de l’époque, point de salut si ce n’était de s’inscrire dans cette tradition, au mépris de toute modernité. Sauf à entrer en résistance. C’est ce combat larvé, livré des années durant par des musiciens comme Chostakovitch ou Prokofiev, que retrace l’exposition. Pour ceux qui n’ont pas encore eu le temps de la visiter, bonne nouvelle : des nocturnes exceptionnelles sont organisées avant sa fermeture définitive : aujourd’hui vendredi 14 janvier ainsi que samedi 15 et dimanche 16 janvier. Plus d’informations sur www.citedelamusique.fr. Christophe Rizoud