Est-ce l’affiche ou le programme ? Toujours est-il qu’à l’Amphithéâtre Bastille mercredi soir, 11 janvier, le nouvel épisode de la série Convergences affichait complet. La série Convergences ? Une programmation d’œuvres de compositeurs français de la fin du XIXe siècle et du début du XXe interprétées par l’élite des chanteurs et musiciens d’aujourd’hui (sic), qu’organise l’Opéra de Paris autour des productions lyriques de la saison. Le programme ? Des mélodies françaises de Berlioz, Gounod, Bizet, Massenet, Delibes. L’affiche ? Karine Deshayes accompagnée d’Hélène Lucas au piano et sporadiquement de Raphaël Merlin au violoncelle. On était curieux de découvrir la mezzo-soprano dans un autre répertoire que Rossini. « Le jardin clos », un enregistrement de pièces de Fauré chez Zig-Zag territoires témoignait récemment de son intérêt pour la musique de chambre. C’est pourtant la belcantiste que l’on retrouve encore tout au long de ces mélodies alignées comme autant de bibelots précieux. Gounod oui mais dans les vocalises de « boléro ». Berlioz non, plutôt Bizet avec ses espagnolades qui mettent en valeur la souplesse du chant et l’éventail de couleurs. Mise à part une « Coccinelle » finement imagée – toujours Bizet –, on a l’impression que la cantatrice cherche davantage le son que le sens, que les mots ont moins d’importance que les notes qu’elle sculpte d’une voix ronde et égale. Et l’on finit par oublier les vers, dont on saisit de-ci de-là quelques rimes, pour se concentrer sur la musique. Plus que le piano détaché d’Hélène Lucas, c’est alors le violoncelle de Raphaël Merlin qui se fait poète. Christophe Rizoud
Récital de mélodies française, Karines Deshayes (mezzo-soprano), Régine Lucas (piano), Raphaël Merlin (violoncelle), Amphithéâtre Bastille, mercredi 11 janvier, 20h