Voilà de longues semaines que la question tenait le monde musical belge en haleine. Fixant du regard les cheminées de la RTBF en quête d’une légère fumée blanche annonciatrice d’une nouvelle direction à la tête de Musiq3, son personnel est aujourd’hui confronté à un anti-climax. Aucun « habemus papam » n’a résonné Boulevard Reyers. Pour prendre la succession de Bernard Meillat, bien décidé à profiter de sa retraite, n’aura été nommé qu’un directeur faisant fonction en la personne de Benoît Jacques de Dixmude, actuellement producteur au service Scène de la TV.
La raison énoncée apparaît comme un peu absconse : « le management de la chaîne classique de la RTBF va être réorganisé sur proposition de Francis Goffin, Directeur Général des Radios de la RTBF, et ceci afin de permettre la continuation de la dynamique actuelle, ainsi qu’une bonne transmission des dossiers et des projets en cours. Ces dispositions sont provisoires, et seront reconsidérées en fonction des implications du prochain contrat de gestion de la RTBF et du lancement de la radio numérique ».
Bernard Meillat se retire avec un bon bilan. Il aura donné une nouvelle dynamique à la chaîne, notamment en misant sur de jeunes voix et sera parvenu à dessiner une grille relativement équilibrée. Malheureusement, l’art lyrique – en dehors des célèbres live UER – fut le parent pauvre de son mandat. Benoît Jacques de Dixmude, qui a produit l’ensemble des captations vidéo d’opéra pour la RTBF, aura peut-être une approche plus convaincue. Bernard Meillat aura également plaidé pour une meilleure réception de Musiq’3 en Wallonie (la couverture étant parfois aléatoire) sans grand succès hélas. La radio « tout numérique » devrait au moins permettre de clore ce débat-là.
Venu de Radio Classique, Bernard Meillat avait étonné un sérail radiophonique plutôt conservateur qui voyait la direction de « sa » chaîne lui échapper au profit d’un estranger. Son mandat se sera déroulé dans une certaine paix sociale et l’homme pourra se flatter d’un bilan serein et constructif, un bilan à son image.
