Jusqu’au 14 octobre (et non jusqu’au 30 septembre, comme initialement prévu), la nouvelle exposition que propose la Bibliothèque-Musée de l’Opéra de Paris se partage entre de nombreux dessins de costumes et quelques pièces effectivement portées par les artistes, qui se répandent jusque dans les espaces d’accueil de l’édifice. Les pièces présentées vont de 1901 à 2012 et reflètent diverses influences successives, comme celle des Ballets Russes (en 1911, pour les costumes de la Déjanire de Saint-Saëns Joseph-Porphyre Pinchon plagie effrontément le Léon Bakst de Narcisse). L’on voit ainsi défiler les grandes heures de notre première scène nationale : Les Indes galantes ressuscitées en 1952 par Maurice Lehmann, la Carmen décorée et costumée par Lila de Nobili en 1959, Les Noces de Figaro de Strehler, La Flûte enchantée confiée à Bob Wilson… Comme au sein de l’institution, l’art lyrique et le ballet coexistent à parts égales dans le cadre de cette présentation, où la « modernité » mise en avant par le titre et les communiqués de presse est finalement très relative, et où la présence de grands artistes et de grands couturiers n’apparaît pas aussi écrasante qu’annoncé. Bien que Laurent Pelly n’appartienne à ni l’une ni l’autre des deux susdites catégories, on s’amuse d’admirer de près la robe de la Folie et les tenues des grenouilles de Platée. On aurait aimé voir rapprocher la maquette et le costume réalisé, chose que ne permet hélas pas non plus le catalogue, très illustré mais très succinct. A défaut, on se consolera en contemplant certaines créations évoquant les grandes heures du Palais Garnier : le costume de Golaud dessiné par Max Bignens pour le Pelléas monté par Jorge Lavelli en 1977, la fausse nudité d’Olympia dans la production Carsen des Contes d’Hoffmann, reprise à Bastille à la rentrée prochaine. On découvre Germaine Lubin habillée en « reine de volupté » par Maurice Denis pour La Légende de Saint Christophe de Vincent d’Indy (1920). Et l’on restera peut-être fasciné devant les dessins très psychédéliques de Jürgen Rose pour un Parsifal de 1973, où Christiane Eda-Pierre était la première des Filles-fleurs, l’une de ses consœurs n’étant autre que Jane Berbié, ici représentée la peau bleue, toute poitrine dehors…