« C’est quoi être Callas ? » s’interrogeait La Divine au sommet de sa gloire. A cette question existentielle, Jean-Yves Picq, auteur dramatique mais aussi acteur, metteur en scène et directeur du Département Théâtre du Conservatoire à Rayonnement Régional du Grand Avignon, a tenté d’apporter une réponse en assemblant certains propos tenus par Maria Callas elle-même, au cours des innombrables interviews qu’elle accorda à la presse tout au long de sa carrière, et même après. Le montage est suffisamment habile pour qu’on ne perçoive pas les raccords et que l’on suive sans décrocher un parcours qui va de la diva, « créature du destin » ainsi qu’elle aimait à le répéter, jusqu’à la femme blessée dans sa chair. Bien évidemment, on n’apprendra rien de nouveau ; tout a été déjà été dit. Mais on est une fois de plus fasciné par la personnalité immense de la soprano, sa volonté, sa force de travail, son courage, sa profondeur de réflexion, sa naïveté voire sa puérilité. Qui a osé écrire que Callas n’était pas intelligente alors que sa parole et sa pensée à l’égal de son chant démontrent l’inverse. La pièce se joue actuellement à la Manufacture des Abbesses à Paris. Dans une mise en scène explicite signée Jean-Marc Avocat, il revient à Noémie Bianco d’incarner la diva. Ecartons d’emblée ce qui dérange – l’accent mal imité et le timbre de la voix artificiellement grossi – pour mieux saluer ce qui force l’admiration : la performance de l’actrice seule sur scène pendant 1 heure et demie, la gestuelle – le mouvement des mains, des yeux, de la bouche – avec à plusieurs reprises l’impression troublante d’avoir Callas face à soi, la capacité à transmettre les émotions variées qui zèbrent le texte. Agée de 25 ans, tout juste sortie du cours de « la Scène sur Saone » à Lyon, Noémie Bianco est la petite fille de René Bianco, un des plus célèbres barytons français d’après-guerre. Bon sang ne saurait mentir ! Christophe Rizoud
Callas de Jean-Yves Picq. Jean-Marc Avocat (mise en scène) ; Noémie Bianco (Maria Callas). La Manufacture des Abbesses, 75018 Paris. Jeudi, vendredi, samedi à 21h ; dimanche à 17h. Jusqu’au dimanche 7 octobre. [plus d’information]