Notre époque ne serait-elle plus capable d’enregistrements lyriques de référence ? C’est à cette triste conclusion que l’on parvient après la lecture de la discothèque idéale proposée par Bertrand Dermoncourt et l’équipe de Classica chez Actes Sud. Verdi ? Plus rien depuis Nabucco signé Muti en 1978. Strauss ? A peu près pareil (Salomé par Karajan en 1977). Wagner ? C’est un peu mieux mais pas glorieux (Tristan und Isolde dirigé par Carlos Kleiber en 1982, il y a tout de même 30 ans). Puccini fait figure de jeune homme avec La Bohème interprétée en 1998 par Roberto Alagna et Angela Gheorghiu. Pour le reste : Tosca, Callas, 1953 ; Butterfly, Freni, Pavarotti, 1978 ; Turandot, Sutherland, Pavarotti, 1972… Mozart échappe à la maison de retraite grâce à la seule Clémence de Titus (René Jacobs, 2005). Rossini, c’est bien connu, n’est bon qu’à faire rire. Hors du Barbier de Seville, de L’Italienne à Alger et de La Cenerentola, point de salut. Heureusement que Cecilia Bartoli offrait en 1992 à Decca une Angelina exemplaire, il aurait fallu sinon tirer un double trait sur la renaissance pesaresque. Qu’importe, on se dit qu’à défaut de grand répertoire, les temps modernes ont remis au gout du jour bon nombre d’opéras baroques qui devraient relever la moyenne d’âge. Erreur. La rubrique Vivaldi est vierge de tout dramma per musica, Haendel se limite au sempiternel Giulio Cesare par le non moins sempiternel René Jacobs en 1991. A se demander si les moins de trente ans n’ont pas raison quand ils affirment que « le classique, c’est pour les vieux ! » Christophe Rizoud.
La Discothèque idéale de la musique classique, sous la direction de Bertrand Dermoncourt. Actes Sud Beaux Arts, Classica. Septembre 2012. 288 pages. Prix indicatif : 18,80€.