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Forès Veses, rival de Dieu ?

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Brève
21 décembre 2012
Forès Veses, rival de Dieu ?

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« Mais que foutait Dieu avant la Création ? » se demandait Samuel Beckett… Dieu ? Il attendait que Haydn la mette en musique, sa Création, à n’en pas douter après en avoir entendu la vision de l’Orchestre d’Auvergne. Et si Dieu était au concert en ce mardi 18 décembre à la Maison de la Culture de Clermont-Ferrand, nul doute qu’en comparant son œuvre avec celle de Roberto Forés Veses, il n’ait songé à revoir sa copie. Même piètrement servi par une acoustique lointaine et lyophilisée, ce jeune chef ibérique parvient à faire entendre cette formidable énergie vitale qui parcourt l’œuvre. Au cœur de ce constant jaillissement et de cette tension, il parvient à saisir et poétiser cette foi confiante, cet optimisme presque naïf en un monde de promesses en gestation. Il est bien suivi en cela par des cordes d’une suave plénitude, des bois souples et des cuivres au fruité équilibré. Riche idée en sus d’avoir confié les enluminures de ce fécond tout autant que méticuleux livre d’heures aux Solistes de Lyon : Bernard Tétu ne pouvait que servir les objectifs d’une direction volontariste. Rayon illustration, on était bien dans la miniature avec les solistes. Pas de présences lourdes ou à la forte typologie ainsi qu’ont pu en connaître plus d’une version historique, mais du raffinement – parfois au risque d’une distanciation par trop précieuse. Les tableautins toutefois étaient en adéquation avec les motivations précédentes. Même si l’on eût pu souhaiter plus de relief expressif chez le ténor James Elliott, « Uriel » à la spiritualité un rien économe. Choix esthétique que confirmait le « Raphaël » à l’autorité plus humaine que marmoréenne du baryton Krzysztof Szumanski. Par (heureux) contraste, la soprano Gabrielle Philiponet était bien l’archange « Gabriel » que l’on attendait : plus vierge délicate et palpitante que prince des célestes cohortes à l’autorité triomphante, elle rayonnait par la seule fraîcheur de son soprano. [Roland Duclos]

 

Joseph Haydn, La Création, avec Gabrielle Philiponet (soprano), Daniel Johannsen (ténor), Krzysztof Szumanski (baryton), les Chœurs et Solistes de Lyon-Bernard Tétu préparés par Catherine Molmerret et l’Orchestre d’Auvergne dirigé par Roberto Forés Veses. Coproduction de l’Orchestre d’Auvergne et du Centre Lyrique Clermont-Auvergne le mardi 18 décembre à la Maison de la Culture de Clermont-Ferrand.

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