Quand un acteur hollywoodien passe de l’autre côté de la caméra, cela peut donner le très oscarisé Argo, de Ben Affleck. Cela peut aussi donner Quartet, de Dustin Hoffman, adaptation très classique d’une pièce de théâtre du dramaturge Ronald Harwood, auteur entre autres de Collaboration, qui évoque le travail de Richard Strauss avec Stefan Zweig autour de Die Schweigzame Frau, et lui-même oscarisé pour le scénario du Pianiste de Roman Polanski. A Beecham House, équivalent britannique imaginaire de la Casa di Riposo per Musicisti établie par Verdi en 1896, d’anciens chanteurs d’opéra terminent paisiblement leurs jours, jusqu’à ce que viennent les rejoindre une ancienne partenaire. Une soprano, un ténor, une mezzo, un baryton : toute l’intrigue repose sur leur désir de chanter une dernière fois le célèbre quatuor de Rigoletto. Des moments d’émotion reposant sur l’évocation de l’amour chez les septuagénaires ou des ravages d’un Alzheimer naissant, une Maggie Smith aussi délicieusement perfide que dans Downton Abbey mais aussi quelques belles vacheries proférées par Anne Langley, rôle tenu par Gwyneth Jones en personne (qui chante aussi « Vissi d’arte ») : pas sûr que cela persuade les foules à passer outre le slogan un peu bêta censé les attirer, « Quatre amis en quête d’harmonie ».