Le pari était osé, voire fou comme l’annonçait Brigitte Cormier dans ces mêmes colonnes (voir brève du 24 avril dernier) : pour cette troisième édition du festival Ré Majeure, monter Le Vaisseau Fantôme de Wagner à l’île de Ré, dans une salle des sports. Et pourtant Marc Minkowski a réussi pleinement cette gageure, et ce avec panache !
Dès l’ouverture houleuse nous sommes au diapason de ce temps pluvieux de Pentecôte : hormis quelques interventions solistes des cuivres à régler, les Musiciens du Louvre Grenoble sont galvanisés et nous emportent dans les brumes écossaises (où se déroule cette version de Paris en 1 acte de 1841). La distribution réunie est de haut vol : Hollandais engagé et torturé de Vincent le Texier (manquant toutefois de legato), Senta incandescente (Ingela Brimberg), Daland – Donald dans cette version – impressionnant d’aisance et d’autorité (Mika Kares, une vraie découverte), Georg – nom de l’amoureux de Senta ici – belcantiste d’Eric Cutler, jusqu’au Steuermann de luxe de Bernard Richter. Enfin, le Chœur de Chambre Philharmonique Estonien fait tout pour compenser son effectif limité et y parvient plutôt bien.
Vous pourrez retrouver cette équipe dans un cadre plus traditionnel, d’abord à l’Opéra Royal de Versailles le 21 mai 2013 (couplé avec l’opéra homonyme de Pierre-Louis Dietsch) puis, avec Evgeny Nikitin en Hollandais, à Grenoble (le 23 mai), Vienne (Konzerthaus le 1er juin) et Barcelone (Palau de la Musica le 3 juin). [Antoine Brunetto]